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1660

1er janvier


J'habite Axe Yard avec ma femme

Ma femme m'avait donné des espérances de paternité, mais le dernier jour de l'année, elle a eu ses règles.

Je suis resté tout le jour chez moi à réviser mes comptes, ensuite je fus avec ma femme chez mon père pour souper.

 

6 janvier


Après quoi, je suis retourné à la maison chercher ma femme pour aller chez mon cousin Thomas Pepys.

 

8 janvier

 

Ensuite chez mon père, où j'ai retrouvé ma femme

 

15 janvier

 

Puis, j'ai bavardé agréablement avec ma femme jusqu'au soir

16 janvier

 

De là, à la maison, où j'ai trouvé ma femme et la servante en train de faire la lessive

Ma femme et la servante sont toujours en train de laver


25 janvier

 

A mon retour du bureau, ma femme achevait de préparer un très bon
dîner : un plat d'os à moelle, un gigot de mouton, une longe de veau. Puis la volaille : trois poulets et deux douzaines d'alouettes, le tout servi sur le même plat. Une grande tarte, une langue de boeuf, un plat d'anchois, un plat de crevettes et du fromage.

 

11 février

 

Rentré chez moi, d'où, après avoir écrit des lettres, je suis ressorti avec ma femme pour lui montrer les feux de joie.

 

10 mars

 

Ce matin, été trouver mon père (…) et le consulter sur les dispositions à prendre au sujet de ma femme. Nous avons fini par décider qu'elle logerait chez M.Bowyer.

Ensuite en voiture chez moi, où je trouvais l'occasion d'annoncer mon voyage à ma femme qui en fut très fâchée, et qui, après force récriminations, finit par accepter d'habiter chez M. Bowyer en mon absence.

Ma femme a veillé tard pour me coudre des bonnets de nuit

 

12 mars

 

Ma femme et moi à la Bourse, où nous avons acheté quantité de choses et où je l'ai quittée

 

16 mars

 

Chez moi, puis avec ma femme à Londres, pour dîner avec mon père

Du Hall, je suis rentré me coucher, bien triste à l'idée d'être séparé de ma femme, mais que la volonté de Dieu soit faite !

 

17 mars

 

Ce matin, au lit, j'ai fait mes adieux à ma femme. Puis nous nous sommes levés et je lui ai remis de l'argent pour vivre un certain temps, ainsi que mes papiers les plus importants.

 

4 mai

 

Vers le soir, vint un courrier de Londres où se trouvait une lettre de ma femme. Elle me dit qu'elle ne va pas très bien, ce qui m'inquiète extrêmement, mais Mylord ayant expédié un courrier le soir même, je lui ai écrit en lui envoyant une pièce d'or.

 

31 mai

 

J'attends chaque instant des nouvelles de ma pauvre femme. Je me sens en parfait état de corps et d'esprit, mais tourmenté d'être séparé de ma femme.

10 juin

 

Chez mon père, où j'ai retrouvé ma femme, avec qui je suis allé me promener dans les jardins de Lincoln's Inn.

 

10 juillet

 

J'ai accompagné ma femme à un grand mariage

Mais parmi tant de beautés réunies là, c'est ma femme qu'on admira le plus.

Après le repas, nous prîmes congé, ma femme allant chez Mme Turner, et moi chez le procureur général.

 

13 juillet
 

Retourné chez moi pour montrer mon brevet à ma femme qui exultait.
 

17 juillet
 

Avec ma femme et Mme Hunt, je partis en carrosse.

Vers le soir, j'envoyai ma femme et Mme Hunt chercher de quoi souper. Elles achetèrent un quartier d'agneau, mais il
n'était même pas à moitié rôti.

C'est la première fois que je couche ici avec ma femme.

 

18 août
 

Ce matin, je suis allé à Westminster par la rivière avec ma femme, que j'ai débarquée en passant par Whitefriars, munie de cinq livres pur s'acheter une jupe.

Un moment après arrive ma femme. Elle me raconte que mon père l'a engagée à acheter une très belle étoffe à 26 shillings le mètre, et une très riche dentelle, de sorte que sa jupe va revenir à six livres. J'étais plutôt mécontent, mais elle l'avait fait si innocemment que je n'ai pu me
fâcher et je lui ai redonné de l'argent.

Après m'être fait raser, j'ai laissé ma femme s'occuper de sa petite chienne qui était en train de mettre bas et je suis allé au lit.

 

4 septembre
 

(…) veillé tard à mettre mes papiers en ordre, mon argent aussi et à donner à ma femme sa leçon de musique, ce qui me procure beaucoup d'agrément.


5 septembre
 

Dans la soirée, ma femme étant un peu irritable, je suis sorti avec elle pour lui acheter un collier de perles, cela va me coûter quatre livres dix shillings, mais je suis disposé à la satisfaire pour l'encourager et aussi parce que je viens de gagner de l'argent.
 

13 octobre
 

Ensuite, par la rivière, chez moi où je me suis emporté contre ma femme qui laisse traîner ses affaires partout.
Dans ma colère, j'ai brisé le joli petit panier que je lui avais acheté en Hollande.

Chez Mylord où j'ai trouvé ma femme ; nous avons dîné tous les deux avec Mylady qui a traité ma femme avec beaucoup d'égards.

 

15 octobre
 

En barque avec ma femme

J'ai très mal dormi cette nuit parce que ma femme avait le nez bouché, ce qui la faisait ronfler. C'est la première fois que cela lui arrive.

 

21 octobre
 

Ces deux derniers jours, ma femme a beaucoup souffert de ses clous, toujours au même endroit, ce qui la gêne énormément.
 

31 octobre
 

Ma femme est toujours si malade de ses clous que voilà près de quinze jours que je n'ai couché avec elle, et j'en souffre beaucoup.
 

4 novembre
 

Ma femme était bien jolie aujourd'hui. C'était la première fois que je lui avais donné la permission de porter des mouches.
 

6 novembre
 

Le soir au lit, j'ai eu une discussion avec ma femme à cause du chien. J'avais eu l'idée de le mettre à la cave parce qu'il s'était oublié à la maison et je n'ai pas cédé. Nous avons passé toute la nuit fâchés l'un contre l'autre. J'ai eu le sommeil troublé par un cauchemar. Je rêvais tout le temps que ma femme était morte, aussi ai-je fort mal dormi.

21 novembre


Après souper, j'ai fait venir le barbier, puis j'ai été me coucher, laissant ma femme se laver et faire tous ses autres préparatifs pour aller à la Cour demain.
 

22 novembre
 

Il fit prendre place à ma femme derrière le fauteuil de la Reine et je restai dans la foule.

Par contre ma femme, debout auprès d'elle, bien habillée, le visage orné de deux ou trois mouches, m'a paru infiniment plus belle.

 

1er décembre
 

J'étais seul avec ma femme pour manger un gigot de mouton, mais la sauce était trop fade.
 

7 décembre
 

Rentré chez moi, je me mis à lire l'Histoire des Abbayes de Fuller et ma femme «Le Grand Cyrus» jusqu'à minuit, et au lit.
 

11 décembre
 

Ma femme et moi levés très tôt aujourd'hui
 

31 décembre
 

Mon petit valet a rapporté de chez Mylord un chat que la gouvernante lui a donné pour ma femme, car nous sommes infestés de souris.
 

1661

10 janvier


Chez Mme Hunt où je trouvai son locataire, un Français, à dîner. A l'instant même où j'entrai, il était en train d'embrasser ma femme, ce qui ne me plut guère, bien qu'il ne put y avoir aucun mal à cela. Puis en voiture avec ma femme, à la maison, où je mis des papiers en ordre.
 

30 janvier
 

De là chez lady Batten pour chercher ma femme. Toutes deux arrivaient de Tyburn, où elles étaient allées voir pendre et enterrer Cromwell, Ireton et Bradshaw.
 

10 février
 

Ce soir nous nous sommes amusés, ma femme et moi, à parler du voyage en France que nous espérons faire l'été prochain.
 

14 février
 

Saint Valentin.

C'était la première fois que ma femme montait à bord d'un navire

 

23 avril
 

Jour du couronnement.

J'allai retrouver ma femme et fis la connaissance d'une jolie dame, Mme Frankleyn, une amie de la famille Bowyer. Je les embrassai l'une et l'autre.

Je fis à Mme Frankleyn la politesse de coucher avec ma femme chez Mme Hunt.

 

8 mai
 

Vers le soir, ma femme revint de chez mon père, un peu souffrante, car elle s'est fait arracher une dent de devant aujourd'hui

Le soir, j'ai écrit mon journal, depuis mon récent voyage jusqu'à ce jour, et ensuite au lit, ma femme n'étant pas bien et moi très fâché contre elle pour être revenue ici dans cet état.

 

5 juin
 

Ce matin donné à ma femme quatre livres pour s'acheter de la dentelle et d'autres choses pour elle.
 

31 août
 

Moi et ma femme en bonne santé.
 

5 septembre
 

Puis je suis allé voir ma femme chez mon oncle Fenner. En route, rencontré un valet de pied français avec un chapeau à plumes, qui était à la recherche de ma femme. Il lui parla en particulier, mais de quoi, je ne sais rien. J'ai seulement entendu que ma femme promettait d'aller quelque part demain matin ; je me demande où cela peut bien être.

Je suis allé avec ma femme pour lui montrer les danseurs de corde italiens et les femmes qui exécutent de si curieux tours de souplesse.

6 septembre

 

Ma femme est sortie ce matin, comme elle l'avait décidé hier. Il ne doit pas y avoir grand mal à cela, mais la jalousie m'a fait faire mille suppositions et cela m'a préoccupé toute la journée.

Dîné tout seul à la maison. L'esprit toujours inquiet de la sortie de ma femme, je me sentais tout à fait incapable de songer aux affaires.

Rentré en voiture à la maison, où ma femme était revenue depuis longtemps. Je pris un air fort en colère – je le suis d'ailleurs. De toute la soirée, je ne luis fis bon visage, ni avant d'aller au lit, ni après.

 

30 septembre
 

je pris une voiture pour rentrer chez moi où je mis ma femme en colère en lui racontant l'histoire et en prenant le parti des Espagnols contre les Français.
 

3 novembre
 

Le soir, seul avec ma femme, j'ai soupé d'un hachis de poulet, enchanté de voir que ma condition nous permet désormais un plat comme celui-là.
 

11 novembre
 

(...) je vis que Mylady avait conseillé à ma femme de prendre une dentelle de six livres.
 

13 novembre
 

(...) et maintenant que j'en viens à dépenser beaucoup d'argent pour les toilettes de ma femme, il faut que j'évite d'autres frais.
 

17 novembre
 

J'étais invité alors avec ma femme, chez sir W. Pen, où nous avons encore pris bien du plaisir.
 

19 décembre
 

Ce matin, ma femme a mis ses plus beaux habits pour aller au baptême de l'enfant de Mme Hunt. En cours de route, j'ai eu avec elle une violente discussion parce qu'elle avait des rubans de deux couleurs mal assorties. J'en suis vite arrivé aux gros mots, à tel point que, dans ma colère imbécile, je l'ai appelée putain, ce que j'ai regretté par la suite. Mais je l'ai quittée pour me rendre à un rendez-vous

1662

30 mars

 

Dîné avec ma femme d'une bonne épaule de veau bien préparée par Jane

Ma femme et moi à l'église l'après-midi

 

22 avril
 

Après avoir pris congé de ma femme, à peine cordialement car elle aurait voulu venir avec moi, je suis parti en carrosse avec sir W. Pen
 

4 mai
 

J'ai conduit ma femme au banc de Mme Turner, l'église étant bondée

Le service terminé, nous nous sommes promenés dans Gray's Inn pour voir les modes parce que ma femme a des robes à se faire faire.

 

21 mai
 

Ma femme est venue me retrouver chez Mylord et nous sommes allés nous promener ensemble dans les jardins de Whitehall.
 

8 juin
 

Chez moi, dîné avec ma femme et retourné à l'église avec elle.
 

30 juin
 

A midi, dîné avec ma femme
 

26 juillet
 

Ma femme, sa servante et le petit valet sont chez mon père à Brampton.
 

1er août
 

J'ai aussi grande envie de ma propre servante, mais je n'ose pas lui faire des propositions. J'ai peur qu'elle soit honnête, qu'elle refuse et s'en aille ensuite tout raconter à ma femme.
 

19 octobre
 

De là, j'ai été chercher ma femme chez mon frère et je l'ai emmenée en voiture au théâtre du Duc.
 

24 octobre
 

Ce matin, je suis resté longtemps au lit à bavarder et à folâtrer avec ma femme (car depuis nombre d'années déjà, et de plus en plus chaque jour, nous formons un très heureux couple, Dieu soit béni!)

A midi, dîné avec ma femme d'un excellent plat de tripes recouvert, selon mes indications, d'une couche de moutarde

 

2 novembre
 

Je suis resté tard au lit à bavarder gaiement avec ma femme qui ne m'a jamais donné autant de satisfaction qu'à présent. Elle est toujours attentive, économe et innocente (c'est à moi de lui éviter les tentations) et, de plus, elle tient bien la maison.

Ma femme et moi avons passé un long moment ce soir à lire les poèmes de du Bartas, que ma femme a commencés depuis peu.

 

30 novembre


Dîné seul, avec ma femme

Je ne sais si je dois me décider à engager une dame de compagnie pour ma femme. Cela ne me coûterait que sa nourriture et ses gages et cela me ferait économiser l'argent que ma femme dépense en sorties et en distractions.

 

5 décembre
 

A mon avis, jamais servante et maîtresse ne se séparèrent pour des raisons aussi futiles, uniquement parce que ma femme lui trouve mauvais caractère , bien qu'elle soit parfaite à tous autres égards.
 

25 décembre
 

Levé assez tôt, laissant ma femme souffrante au lit

Rentré chez moi à pied, très content et dîné au chevet de ma femme avec grand plaisir d'un bon pâté de pruneaux et d'un poulet rôti. J'avais fait chercher au dehors un mince-pie, ma femme n'étant pas assez bien pour le confectionner elle-même. Après le dîner, je suis resté longtemps à bavarder avec elle, car elle souffrait moins

 

29 décembre
 

Je suis resté longtemps à discuter avec ma femme : nous voudrions sous peu recevoir le docteur Clerke, sa femme et Mme Pierce, malheureusement ma femme n'a pas de robe d'hiver. Il y a de quoi avoir un peu honte qu'on la voie mettre encore du taffetas, quand tout le monde porte du mohair.
 

31 décembre
 

De là, chez le barbier, puis, avec ma femme, chez Mme Pierce, où nous étions invités à dîner avec le docteur Clerke et sa femme, et aussi M.Knight, premier chirurgien du roi.

1663

4 janvier

 

Au cours du repas, ma femme m'a proposé de reprendre chez nous ma soeur Pall, comme dame de compagnie, puisque nous nous sommes décidés à en engager une.


Après le dîner, nous sommes sortis à pied, malgré la boue. Ma femme allait chez Mme Hunt.


6 janvier
 

Revenu chez nous, je fus quelque peu mécontent de découvrir que ma femme avait oublié dans le carrosse son écharpe, sa veste et ses vêtements de nuit. Je dois avouer qu'elle me les avait donnés à garder, mais tout de même, elle a eu tort de ne pas s'assurer que je les retirais bien de la voiture.
 

9 janvier
**
26 janvier


Rentré chez moi, j'ai bavardé un peu avec ma femme et je suis retourné travailler jusqu'à une heure avancée
 

9 février
 

Après des sueurs abondantes, je changeai de linge vers dix heures du soir et je m'endormis assez bien, seul, ma femme couchant au dessus, dans la chambre rouge.
 

23 février
 

Rentré chez moi, l'envie me vint de prendre l'agrément et je résolus d'emmener ma femme au théâtre de la Cour, car c'est aujourd'hui l'anniversaire de mes trente ans, Dieu soit loué ! Pendant que ma femme s'habillait, je sortis pour voir ce qu'on jouait aujourd'hui au théâtre du Duc. C'était «La jeune fille dédaignée». Alors nous nous y rendîmes en voiture.
 

4 mai
 

Bientôt arriva M. Pembleton, le maître à danser. J'assistai à la leçon qu'il donna à ma femme et quand ce fut fini, il voulut me faire essayer quelques pas d'une courante. Il m'en pria tant et ma femme m'importuna de telle façon que je commençai.
 

15 mai
 

Il faisait presque nuit. Ma femme et le maître à danser étaient en haut en train, non pas de danser, mais de parler. Je suis si mortellement jaloux, j'avais la tête et le coeur si tourmentés, d'où je suis revenu tard, prêt à trouver à redire à tout. Je suis parti me coucher brusquement, sans pouvoir dormir. C'est ma faute aussi, si ma femme a continuellement l'occasion de voir cet homme. C'est un beau brun, mais il est marié. Quelle terrible folie, quel fléau que ma jalousie ! J'ai honte de penser que j'ai été jusqu'à me baisser pour voir si ma femme portait aujourd'hui un pantalon comme à l'ordinaire : mais je ne pus découvrir aucune raison de la soupçonner.

16 mai


Je me suis levé l'esprit inquiet et toujours rempli des mêmes soupçons qu'hier. Je mériterais d'être battu si vraiment mes craintes sont vaines, car Dieu sait que mon coeur n'est pas pur, et qu'à la moindre tentation, je serais infidèle. Par conséquent, je ne devrais point exiger d'elle une autre conduite. Que Dieu me pardonne mon péché et ma folie ! Après le dîner, Pembleton est arrivé. De fort méchante humeur, j'ai refusé de le voir, prétextant mon travail. Mais comme j'arpentais ma chambre, en écoutant s'ils dansaient ou non ! J'allai un moment au bureau, mais la jalousie l'emporta et je revins à la maison où, sans y prendre le moindre plaisir, je montai les retrouver pour étudier la « duchesse » que j'apprendrai, je crois, sans grande peine. Bientôt, je le vis partir.
 

21 mai
 

Je n'ai pas pu me lever aussi tôt que d'habitude, ni fixer mon esprit au travail, comme avant ces leçons de danse. Au dîner, j'ai eu avec ma femme une discussion si violente que je me suis fait le serment de ne plus la tourmenter à ce sujet jusqu'à la fin du mois, sous peine de deux shillings six pence d'amende chaque fois.

A souper, comme je l'avais contrariée, ma femme prononça le mot diable. Je lui dis que je lui défendais et elle me répondit avec dédain. Je ne sais comment la réprimander maintenant devant Ashwell et tout le monde, mais elle aurait mérité d'être battue à moins. Si je ne prends pas de grandes précautions, je vois que je vais perdre mon autorité sur elle. Avec ces danses et autres divertissements, elle n'a plus la tête à ses occupations et elle connaît d'autres plaisirs que celui de m'être agréable. Enfin, dès que son mois de leçons sera terminé, j'espère qu'elle redeviendra ce qu'elle était auparavant.

 

24 mai
 

Au dîner, ma femme me raconta qu'une jolie dame accompagnait ce matin Peg Pen au service ; l'envie me prit alors de me rendre à l'église pour la voir. Ce que je fis. Elle est en effet très jolie. Mais, près de nous, j'ai aperçu Pembleton, je l'ai vu lorgner ma femme tout le temps du sermon. J'ai remarqué qu'elle le saluait à la sortie sans rien m'en dire. Si j'ajoute à cela qu'elle a tenu, ces deux deniers dimanches, à aller à l'église à la fois le matin et l'après-midi, j'en arrive à soupçonner quelque chose d'extraordinaire. Il faut que je prenne patience et que je l'envoie à la campagne, ou du moins, que je fasse cesser les leçons de danse au plus tôt.
 

25 mai
 

Après son départ, je suis monté à l'étage et j'ai vu que ma femme et Ashwell avaient trouvé moyen de renverser le pot de chambre sur le plancher, avec la selle et Dieu sait quoi, et qu'elles s'amusaient fort à tout nettoyer. Je suis allé au bureau et, quand j'en suis revenu, ma femme était en train de prendre sa leçon de danse. Je suis resté dans ma chambre, à jouer de la viole en attendant qu'elle ait fini.
 

26 mai
 

Je suis resté longtemps au lit à bavarder avec ma femme et à prendre mon plaisir avec elle. Après être allé un peu au bureau, je suis revenu à la maison où j'ai trouvé Pembleton. A de nombreux indices, j'en arrive à croire qu'il y a quelque chose entre ma femme et lui. Cela me bouleverse à tel point qu'au moment même où j'écris ceci, je ne sais plus ni ce que j'écris, ni ce que je fais, ni quelle attitude prendre devant ma femme. Je n'ose ni lui en parler, de crainte de querelles et autres désagréments, ni la laisser faire au risque d'aggraver les choses.

Ma femme avait envoyé tous ses gens au dehors cet après-midi ; elle savait que j'étais au bureau, c'était donc qu'elle avait donné rendez-vous à Pembleton. Voilà bien ma jalousie diabolique ! Dieu fasse que je me trompe, mais je souffre les tortures de l'enfer. Dieu m'en délivre, sinon, je serai bien malheureux. Donc, au bureau, où je suis resté un moment. Bientôt, n'y tenant plus, je suis allé chez moi, voir ce qui s'y passait ; comme je m'y attendais, j'ai trouvé M. Pembleton et ma femme, et personne d'autre à la maison, ce qui me rendit fou de rage. Je suis retourné au bureau demander la permission de m'absenter, pour aller soi-disant au Temple, mais en réalité chez moi. Je suis monté dans ma chambre et s'ils avaient alors de mauvaises intentions, je les ai empêchés de les réaliser pour le moment. Dire que la jalousie me travaille à tel point que je suis allé à pas de loup m'assurer qu'aucun des lits de la maison n'étaient en désordre. Je me suis promené de long en large toute la soirée. Quand ma femme a essayé de venir me parler, j'ai pris cela pour de l'impudence, et je ne lui ai rien répondu, ne sachant quel parti prendre ; je suis allé me coucher fort soucieux.

 

27 mai
 

Je me suis éveillé à trois heures, tant j'étais tourmenté et, prenant occasion de faire de l'eau, je réveillai ma femme. Une heure après, je feignis de me lever pour voir comment elle allait se comporter ; elle me retint pour me demander ce que j'avais. Après force bonnes paroles, et aussi quelques mauvaises, je lui reprochai sa conduite d'hier, mais elle s'empressa de me dire mes vérités, connaissant fort bien ma vieille maladie de jalousie. Après une heure de discussion, je compris que sa familiarité avec lui avait été trop grande, mais sans mauvaise intention. Aussi, je la caressai et nous fîmes la paix, mais elle pleura beaucoup.

Rentré chez moi, j'ai trouvé ma femme de méchante humeur. Elle m'a dit devant Ashwell que Pembleton était revenu. Je lui fis répondre qu'elle n'avait qu'à commencer à danser et que j'allais arriver tout de suite. Je ne savais à quoi me résoudre. Fallait-il me montrer, ou non, à Pembleton ? Quelle attitude lui prouverait le plus que j'étais jaloux ?

(…) je montai les retrouver. Nous avons dansé des danses rustiques, ma femme lui a payé son dernier mois, et nous voilà quittes. Nous l'avons ensuite invité à souper et nous avons été gais. Je lui ai montré le plus d'empressement possible, mais, à mon vif déplaisir, je vois qu'il a compris et qu'il pourrait bien me faire l'affront d'aller raconter l'histoire à tout le monde.

 

6 juin
 

Je suis fort inquiet du laisser aller auquel j'ai moi-même poussé ma femme en lui permettant d'apprendre à danser : il a falloir du temps pour l'en guérir et je crains que son séjour à la campagne ne la rende encore pire ; j'espère seulement qu'en son absence, j'emploierai mon temps au bureau plus aisément que lorsqu'elle est à la maison.
 

12 juin
 

(…) rentré pour dîner puis avec ma femme par la rivière au Théâtre Royal où j'ai vu le Comité

A la Bourse pour acheter des choses avec ma femme, entre autres un masque pour elle.

 

15 juin
 

Aussitôt levée ma femme m'a remis ses clefs et a terminé ses préparatifs pour pour s'en aller à la campagne ce matin. J'ai été contrarié de voir qu'elle était obligée de prendre dans le coche une des places du fond, mais bien content par ailleurs qu'elle n'ait d'autres compagnons de voyage que des femmes et un pasteur. Je l'ai embrassée à plusieurs reprises
 

29 juin
 

Depuis que ma femme est partie, je me mets à avoir des pensées coupables à l'égard de toutes les femmes qui me plaisent. J'en suis bien honteux et je tâcherai de me corriger.
 

5 juillet
 

Le repas était bon et très joyeux mais, à mon avis, il n'y avait, entre les mariés, rien de cette affection et de ces tendres égards que nous avions l'un pour l'autre, ma femme et moi.
 

4 août
 

Si Ashwell nous quitte, je suis décidé à ne pas la remplacer, mais à vivre pauvrement et misérablement pendant un certain temps en mettant de l'argent de côté et en exigeant de ma femme plus de modération si je le peux, sinon, je dirai adieu à toute joie en ce monde.

12 août


Passé un moment au bureau pour écrire mon journal d'hier, ensuite je suis sorti pur acheter un bois de lit et d'autres objets pour l'arrivée de ma femme.
 

4 septembre
 

A la maison, j'ai dit à ma femme de s'habiller tout de suite et je l'ai emmenée en carrosse à la foire ; je lui ai montré les singes danseurs de corde, ce qui est curieux, mais si dégoûtant que cela ne m'a pas plu.
 

14 septembre
 

Comme il n'en finissait pas d'arriver, j'ai pris les devants avec le père : au bout de huit milles environ, le fils nous rejoint et six milles plus loin nous rattrapons M. Moore et ma femme ; cela me fit profondément réfléchir de voir combien on perd beaucoup de terrain en si peu de temps.

(…) nous sommes arrivés à Buntingford où ma femme, qui avait bu de la bière froide ayant chaud, commença d'être malade aussitôt descendue de cheval ; elle devint livide, et moi j'étais là tout seul avec elle dans une grande chambre, je croyais bien qu'elle allait mourir, j'étais rempli d'horreur et j'eus là une grande preuve de mon sincère amour et de ma passion pour elle. J'appelai les servantes et la patronne de l'auberge, puis, grâce à un peu d'eau-de-vie, elle se remit assez bien ; ensuite au lit, je l'avais couchée, grandement soulagé. Je fis entrer la compagnie, je soupai dans la chambre à côté d'elle et, en devisant joyeusement, nous avons soupé, puis nous nous sommes tous séparés.

 

24 septembre
 

Cet après-midi, j'ai raconté à ma femme qu'il fallait que j'aille à Deptford et j'ai été à Westminster trouver Mlle Lane.

Enfin, je suis allé souper à la maison où j'ai trouvé ma pauvre femme encore au travail. Mon coeur se serre à la pensée de tromper une si bonne créature. C'est la justice divine qui la rend désagréable avec moi, pour me punir du tort que je lui fais ; mais j'ai pris la résolution de ne plus jamais recommencer.

 

27 septembre
 

Resté longtemps au lit à bavarder avec ma femme.

Passé l'après-midi avec ma pauvre femme, à parler de son boudoir, de ses robes, etc.

 

12 octobre
 

Après le dîner, je suis allé à la Vieille Bourse marchander des dentelles pour ma femme
 

14 octobre
 

Après le dîner, M. Rawlinson nous a conduits ma femme et moi à la synagogue.

19 octobre

 

Réveillé par une grande tempête, je dis à ma femme : « Fasse le ciel que je n'apprenne pas la mort de quelques personnage important, le vent est si violent ! » craignant que la Reine ne fût morte.
 

26 octobre
 

Je me suis éveillé vers une heure ce matin...Ma femme étant éveillée aussi, a agité sa sonnette et les servantes se sont levées pour faire la lessive. Nous nous sommes rendormis jusqu'à sept heures.
 

31 octobre
 

Cela provient surtout d'achats de vêtements pour moi et ma femme, c'est-à-dire douze livres pour elle et cinquante-cinq pour moi environ.
 

2 novembre
 

Nous avons laissé ma femme en train de faire de la marmelade de coings et nous sommes allés chez le fabriquant de perruques.

Au cours de la conversation, ma femme me raconta avoir pris Jane en flagrant délit de mensonge. Comme je n'étais pas de son avis, elle se mit en colère et la discussion éclata. Je montai dans ma chambre, mais elle m'y poursuivit, m'appelant perfide, homme sans conscience et je ne sais quoi. Je parvins à me dominer, si bien qu'au lit, elle se calma et devint très tendre. Comme je voulais aussi faire la paix, nous nous sommes réconciliés avant de nous endormir, à minuit passé, et nous avons reposé le coeur content.

 

6 novembre
 

Ce matin, au réveil, ma femme tenait absolument à me persuader que je lui avais fait un enfant hier soir. S'il en est ainsi, qu'il vienne, tant mieux.
 

9 novembre
 

Au lit ; ma femme souffrait d'un grand mal de dents.
 

29 novembre
 

Seul à l'église, ma femme n'y allait pas. J'y ai vu Lady Batten en robe de velours, cela m'a vexé qu'elle en ait une avant ma femme, à qui je n'ai pas eu les moyens d'en acheter, mais quand on ne peut pas, on ne peut pas.
 

12 décembre
 

A midi chez moi ; je vis qu'un certain Abrahall, qui postule la place du fournisseur du Roi pour les cordages, a envoyé à ma femme une robe japonaise qui lui plaît beaucoup, et à moi aussi, elle vient fort à propos
 

21 décembre
 

Ce matin, ma femme avait envie de sortir avec moi ; mais je n'ai pas voulu parce que cela m'aurait dérangé. Je l'ai laissée aller seule chez ses parents

27 décembre

 

Seul à l'église, puis revenu dîner avec ma femme. Nous étions enchantés de la compagnie l'un de l'autre et je crois que, tout compte fait, nous nous entendons beaucoup mieux que la plupart des couples.
 

31 décembre
 

(…) nous avons dîné en grande cérémonie, ma femme et moi, et nous avons fêté Noël tous seuls.

1664

4 janvier


Levé tôt, j'ai emmené ma femme et sa servante en voiture avec moi. Je les ai posées à Covent Garden

J'ai retrouvé ma femme à Whitehall. Elle se tourmente au sujet de son père qui s'en va en Allemagne combattre les Turcs. (...)au cours du repas, j'ai parlé à ma femme d'inviter lord Sandwich à dîner bientôt.

Puis au lit, ma femme étant souffrante depuis notre retour à la maison ; elle a eu un évanouissement, ce qui ne lui était encore jamais arrivé depuis notre mariage.

 

11 janvier
 

Réveillé à quatre heures ce matin par ma femme pour appeler les servantes à faire la lessive

(…) ma femme furieuse parce que Will était venu bavarder avec les servantes pour leur faire perdre leur temps (…) j'ai été au bureau faire des reproches à Will ; il m'a dit être allé chez moi selon les instructions de ma femme car c'est elle qui lui avait donné l'ordre de venir lundi matin. Dieu me pardonne, combien je suis enclin à être jaloux d'elle au sujet de ce garçon ; je me demandais pourquoi elle avait justement choisi le jour où elle me savait obligé de me rendre chez le Duc ; pourtant il me semble que si elle l'avait fait dans ce but, elle n'aurait pas jugé prudent de me raconter l'histoire pour que je sache qu'il était venu, et encore moins de m'indisposer contre lui pour que j'en arrive à lui défendre de recommencer. Mais je ne parviens pas à modérer en moi ce maudit penchant, en dépit que j'en aie. Dieu me pardonne et me fasse comprendre ma folie et les tourments qu'elle me cause. A la maison où, Dieu merci, dès que j'eus causé avec ma femme, mon inquiétude disparut, et ensuite au lit.

 

12 janvier
 

Après le départ de nos invités, ma femme m'a raconté que mon oncle lui avait parlé seul à seul ; il espérait qu'elle était enceinte et l'embrassait en répétant combien il en serait heureux.
 

20 janvier
 

Après le dîner, je suis parti en bateau avec ma femme, il y avait bien longtemps que cela ne nous était pas arrivé, au moins depuis l'été dernier.
 

21 janvier
 

Je me suis levé et, après avoir envoyé ma femme chez ma tante Wight retenir une place pour voir pendre Turnor
 

2 février
 

A midi, avec sir W.Warren
Il finit par me remettre une paire de gants pour ma femme, enveloppés dans du papier. Je me gardai bien d'ouvrir le paquet, ayant senti qu'il était dur.

Je lui dis seulement que ma femme le remercierait elle-même et je continuai à parler. Quand je fus rentré chez moi, que j'étais donc impatient de voir ma femme quitter la pièce, sans être obligé de lui dire de s'en aller ! J'avais tellement envie de regarder ce qu'il y avait avec les gants ! Enfin elle sortit et je découvris une paire de gants blancs pour elle, avec quarante pièces de bon or.

J'étais bien en peine de savoir s'il fallait le dire ou non à ma femme. C'est difficile de m'en abstenir, mais je vais y réfléchir. Je craindrais qu'elle ne me croie plus riche encore que je ne le suis.

 

22 février
 

Levé, rasé, puis sorti en carrosse avec ma femme que j'ai laissée auprès de chez son père ; j'étais mécontent et furieux contre elle parce qu'elle est obligée, pour aller le voir, de passer par ce vilain endroit, au milieu des maisons de prostituées ou du moins à proximité.
 

8 mars
 

Au réveil, je me suis un peu emporté contre ma femme quand elle me raconta qu'elle s'était procuré de l'urine de jeune chien et qu'elle s'en servait pour sa toilette. L'idée lui en avait été donné par ma tante Wight qui, a l'insu de son mari, en cherchait pour sa vilaine figure. A midi, nous avons dîné rapidement car on jouait Héraclius que ma femme et moi avions grande envie de voir.
 

14 mars
 

En rentrant à la maison, je me suis querellé avec ma femme parce que je lui refusais une parure de dentelle pour sa robe. Je préférerais dépenser une somme égale et même supérieure, et lui acheter une robe neuve, mais sans garniture. Elle s'emporta de telle façon que je ne l'avais jamais vue ainsi et ne saurais le tolérer.

Folle de rage, elle me suivit et vint me dire, sur un ton féroce de mégère, avec des regards haineux, qu'elle allait s'acheter une robe neuve, de la dentelle aussi, et que je serais bien obligé de payer le tout, quitte ensuite à le brûler si cela me faisait plaisir ; et elle sortit comme une furie.
Peu après, voyant que je ne l'avais pas suivie, elle revint au bureau, où je la fis attendre une demie-heure car j'étais occupé avec un client. Sa colère calmée, nous redevînmes bons amis et, quand j'eus fini mon travail, nous nous rendîmes en voiture chez lady Sandwich.

 

26 mars
 

Ma femme a trouvé à la maison sa robe neuve garnie de dentelles qu'on venait d'apporter. Elle fait beaucoup d'effet mais cela va me coûter énormément d'argent, beaucoup plus que je n'aurais voulu.
 

27 mars
 

Resté longtemps au lit à me chamailler avec ma femme au sujet des dépenses qu'elle m'impose en ce moment pour ses toilettes et qui montent bien au-delà de ce que j'aurais voulu ; nous étions fort en colère, mais très vite nous fîmes la paix.
 

5 avril


Ce soir, en rentrant, j'ai trouvé ma femme habillée comme si elle était de sortie aujourd'hui. Elle se prit à me parler sur un ton qui ne me plaisait pas. Je lui ai tiré le nez pour la vexer (bien qu'ensuite pour la calmer, je lui aie affirmé que c'était seulement un mouvement brusque). La pauvre fille le prit très mal et je crois bien, par ailleurs, que ma façon de lui tordre le nez avait été fort douloureuse. Elle pleura longtemps, mais bientôt nous fîmes la paix et , après souper, nous allâmes au lit.
 

11 mai
 

Mon oncle Wight est venu me trouver au bureau cet après-midi, puis il est allé à la maison voir ma femme. Peu après (quelle étrange histoire!) ma femme me fit appeler pour me raconter que mon oncle, après avoir déploré que ni elle ni lui n'eussent d'enfant, avait ajouté qu'à son avis, le mieux pour eux serait d'en faire un ensemble. Il proposait de lui donner cinq cents livres à l'avance en argent ou en bijoux et de constituer l'enfant son héritier. Il lui fit des compliments sur son corps et affirma, qu'autant qu'il pouvait en juger, la chose était légitime. Elle lui répliqua si vertement qu'il n'osa pas prétendre avoir voulu plaisanter, mais lui répondit que, si c'était là sa façon de penser, il ne lui en reparlerait pas et la priait de n'en rien dire à personne. J'ai l'impression qu'il a tenu tous ces propos en feignant de badiner, mais de toute évidence, il était sincère. Son amabilité pour ma femme n'était, j'en ai peur, autre chose que du désir. Qu'en penser ainsi, à l'improviste, je n'en sais rien. Le mieux, je crois, sera de n'en rien faire paraître devant lui , avant d'y avoir mieux réfléchi.
 

15 mai
 

(…) ma femme n'avait pas couché avec moi cette nuit, pour la première fois alors que nous nous trouvons dans la même maison, depuis que nous sommes mariés, je crois. Elle aussi a pris médecine aujourd'hui et nos médecines à tous deux ont produit de l'effet ; aussi nous avons passé le temps, après que nos médecines eurent cessé d'agir, à deviser agréablement
 

26 juillet
 

(…) quand les dames quittèrent la table, je les suivis. J'étais le seule homme avec elles. Je me suis mis à leur raconter que je n'avais pas d'enfant et à leur demander des conseils là-dessus. Librement et joyeusement, elles m'énoncèrent ces dix préceptes :

1° Ne pas serrer ma femme trop fort ni trop longtemps
2° Ne pas prendre de repas tard dans la nuit
3° Boire du jus de sauge
4° Aussi du vin d'Alicante avec des rôties
5° Porter de légers caleçons en toile de Hollande
6° Se tenir l'estomac chaud et le dos frais
7° Quant à savoir s'il valait mieux faire l'amour le soir ou le matin, elles me répondirent :
« Pas plus l'un que l'autre, mais seulement quand on en a envie. »
8° Ma femme ne doit pas se lacer trop serré.
9° Il me faut boire du mum au sucre
10° Changer de place, c'est-à-dire coucher la tête au pied du lit, ou du moins faire le lit haut au pied et bas à la tête

 

7 août
 

Resté longtemps au lit à caresser ma femme et à bavarder.
 

13 août
 

Là, sir W. Pen m'offrit son carrosse pour emmener ma femme à Epsom ; j'allai dire à ma femme de s'apprêter, mais comme elle n'était pas très bien et que j'avais encore d'autres raisons pour m'abstenir, je renonçai à y aller.
 

3 septembre
 

J'ai mal reposé cette nuit, ayant dormi d'un mauvais sommeil, comme ma femme l'a remarqué ; elle m'a réveillé une ou deux fois et je m'imaginais être dévoré par les puces. Au matin, elle querella ses servantes pour n'avoir pas cherché les puces la veille.
 

6 septembre
 

A la maison, après être passé chez Doll, notre marchande de la Bourse, pour avoir une paire de de gants garnis de rubans jaunes assortis à la jupe que ma femme s'est achetée hier : ils m'ont coûté vingt shillings, mais elle est si jolie que, Dieu me pardonne, je n'ai pas trouvé cela trop cher : la beauté me tient dans un si étrange esclavage que je je n'apprécie rien autant.
 

19 septembre
 

Ma femme ayant mis sa nouvelle robe d'hiver en moire, très belle, je lui ai donné après le dîner quinze livres pour acheter du linge et des choses utiles pour la maison
 

20 septembre
 

En rentrant ce soir, je me suis mis à examiner les comptes de maison de ma femme et, trouvant des choses quelque peu ambiguës, je me suis fâché, bien qu'elle me fournît des explications assez plausibles ; mais elle m'avoua que, quand une somme lui manque, elle ajoute quelque chose par ailleurs pour la retrouver ; et comme elle me voyait en colère, elle m'affirma qu'elle allait mettre de l'argent de côté pour s'acheter un collier, ce qui me rendit furieux et me tourmente encore, car je crains qu'elle n'en vienne petit à petit à perdre l'habitude de vivre à peu de frais et de ménager ses derniers.
 

2 octobre
 

Ma femme n'étant pas assez bien pour aller à l'église, j'ai traversé la cité avec mon petit valet

(…) je suis revenu à pied chez moi à travers la campagne, ma femme furieuse que je ne sois pas rentré et que j'aie passé mon temps à baguenauder et à courir après les jolies filles, elle me l'a dit tout net ; mais j'ai fait la paix avec elle.

 

5 octobre
 

(…) puis à la maison où j'ai vu que ma femme avait parlé à Jane et réglé tous ses différends avec elle
 

26 octobre
 

Vers huit heures, ma femme, sa suivante, Bess, Jane, W. Hewer et le petit valet sont tous allés au bord de la Tamise pour s'embarquer.

(…) chez moi où la petite servante avait pris bien soin de la maison ; mais pas de femme et je commençais à m'inquiéter, car la rivière était houleuse, il faisait froid et noir. Cependant, peu après, elle et ses gens arrivèrent sains et saufs et j'en fus bien soulagé en dépit de ma colère.

 

19 décembre
 

La servante ayant dû prendre la clef et sortir pour aller acheter une bougie, je me mis en colère et reprochai à ma femme de ne pas savoir commander ses domestiques. Comme elle me répondait aigrement, je lui donnai un tel coup sur l'oeil gauche que la pauvre créature poussa un cri de douleur. Et pourtant, elle était si fort en colère qu'elle essaya de me mordre et de me griffer. A force de caresses, je parvins à arrêter ses larmes, j'envoyai chercher du beurre et du persil, et bientôt, nous redevînmes bons amis. Je regrettais du fond du coeur ce que j'avais fait, car elle fut obligé de garder un emplâtre sur l'oeil toute la journée. Il est tout noir et nos gens s'en sont aperçus.

Je m'en suis allé au bureau, j'ai soupé avec ma femme très agréablement et ensuite je me suis couché, l'esprit, Dieu me pardonne, très occupé de ce que je ferai avec la femme de Bagwell demain, car je lui ai promis de me rendre à Deptford

1665

2 janvier


Rentré chez moi de joyeuse humeur, je fus très contrarié parce que ma femme avait cherché, pour me la donner à lire, une lettre de sir Philip Sidney sur la jalousie ; elle en fit naître l'occasion avec beaucoup d'adresse et de malice. A la vérité ma conscience me disait que cela s'appliquait fort bien moi , et par conséquent cela me touchait ; je ne parus pas y prêter attention et je la lus en entier sans broncher, mais cela me resta sur le coeur.
 

30 janvier
 

Le soir, comme je m'attardais au bureau, Mercer vint me dire que ma femme était au lit et me priait de rentrer, car elles entendaient – et voilà plusieurs nuits que cela dure – des bruits au-dessus de leur tête sur la terrasse.
 

3 février
 

A pied avec mon petit valet (que je n'ose pas laisser à la maison, car avec ma femme il est toujours à fainéanter)
 

19 février
 

Resté au lit toute la matinée (car c'était dimanche) à parler avec ma femme, tantôt plaisantant, tantôt querellant.
Pendant le souper, j'appris par hasard que les domestiques avaient fait venir une vagabonde écossaise pour les aider à laver et à récurer. J'entrai dans une violente colère et je forçai ma femme à battre la petite servante ; cela mis sens dessus dessous toute la maison et même les voisins.

 

20 février
 

Ma femme est venue me trouver au bureau pour me dire qu'elle avait engagé une chambrière, une des plus jolies filles qu'elle ait jamais vues et qu'elle en est réellement jalouse, mais je crois qu'elle plaisantait.
 

21 février
 

Ma femme est allée aux étuves avec sa dame de compagnie pour se baigner après être restée si longtemps à la maison dans la poussière. Elle prétend avoir pris la résolution d'être désormais très propre. Combien de temps cela va durer, je le devine sans peine !
 

1er mars
 

C'était aujourd'hui la date, fixée depuis longtemps par moi, à laquelle j'avais promis de donner à ma femme vingt livres pour s'acheter des toilettes de Pâques, aussi en dépit de notre querelle d'hier soir, elle fit la paix avec moi et moi avec elle, mais j'ai barguigné tant que j'ai pu pour me séparer de mon argent ; enfin je lui ai remis, elle s'en fut faire ses emplettes et moi au bureau.
 

26 mars


A l'église avec ma femme, qui n'y était pas allée depuis un mois ou deux.

28 mai


Chez moi, et puis en visite chez lady Pen, où l'on nous montra, à ma femme et à moi, une belle curiosité : des poissons qu'on conserve dans une cuve d'eau et qui peuvent vivre ici indéfiniment
 

8 juin
 

Dîné seul à la maison, ma femme ayant été avec sa mère et Mercer chez nos cousins Joyce.
 

11 juin
 

On m'a apporté mon nouveau costume de soie. Il ne plaît pas à ma femme, mais je crois que c'est surtout parce que je n'ai pas l'habitude de porter de la couleur et cela lui semble inusité. Après le dîner, je suis allé prendre un peu l'air, en réalité c'était pour montrer mon costume neuf.
 

5 juillet
 

Sitôt levé, j'ai pris mes dispositions pour faire expédier à Woolwich la literie et les affaires de ma femme, en vue de son départ.

Par la rivière à Woolwich, où ma femme va être très agréablement installée avec ses deux servantes. Je les quittai à l'heure du souper, le coeur serré d'être séparé de ma femme. Je vais être beaucoup moins bien sans elle, malgré l'embarras que donne le souci de toute une maisonnée en temps de peste.

 

9 juillet
 

Passé un moment agréable avec ma femme et mes gens tandis qu'elle se préparait et vers dix heures, par la rivière, chez sir G. Carteret.
 

13 juillet
 

Puis, j'ai pris congé de ma femme, qui était venue me retrouver là, comme il était convenu. (Je m'aperçois avec peine que la séparation met un peu de froideur entre nous au lieu d'augmenter notre tendresse.)
 

26 juillet
 

j'ai été embrasser ma femme à Woolwich et j'ai regardé les tableaux qu'elle peint et qui sont fort curieux.
 

11 août
 

Levé ; passé toute la journée à faire mon testament et à le recopier deux fois, pour mon père et pour ma femme
 

22 août
 

Ce matin, ma femme (encouragée par ses deux servantes, qui sont vraiment de bonnes filles) m'a importuné pour que je lui achète un collier de perles. J'ai promis de lui en offrir un de soixante livres d'ici deux ans au plus, si ses progrès en peinture me donnent satisfaction.
 

28 août

Vers le soir, je l'y ai rejoint et j'ai rencontré ma femme qui se promenait au bord de l'eau avec son maître de peinture et ses servantes.

 

30 septembre
 

A ma grande contrariété, je trouvai ma femme hors d'elle ; elle me prit à part pour me raconter qu'elle s'était disputée avec ses servantes.
 

2 octobre
 

(…) arrivé vers huit heures à Woolwich, j'ai soupé et passé de bons moments avec ma femme qui, autant que je puis voir, s'entend fort bien avec ses servantes, aussi je suis allé au lit le coeur rempli de joie et de satisfaction.
 

4 décembre
 

(…) puis chez moi, à ma maison, auprès du bureau, où ma femme m'avait préparé à dîner. Quelle joie de nous retrouver là tous deux, grâce à Dieu !
 

31 décembre
 

Maintenant que la peste est réduite à presque rien, j'ai l'intention de retourner à Londres le plus tôt possible. Ma femme et ses servantes y sont déjà depuis deux ou trois semaines.
 


1666

3 janvier


Lui parti, ma femme se mit aussi à avoir mal aux dents et alla se coucher.
 

14 janvier
 

Cet après-midi, après le sermon, vint ma chère jolie fille de la Bourse, Mlle Batelier, amenée par sa soeur pour voir ma femme. Je l'embrassai avec plus de plaisir que je n'en avais eu depuis longtemps. Nous sommes restés à bavarder pendant une heure avec un immense plaisir pour moi, puis cette belle créature s'en fut ; c'est une des femmes les plus modestes et les plus jolies que j'ai vues ; ma femme est aussi de cet avis.
 

26 février
 

Une heure plus tard j'étais réveillé par le bruit d'une querelle entre ma femme et Mercer, cela m'a mis en colère et je me suis disputé avec ma femme. Mais – non sans peine – je me suis rendormi, car je commence à savoir me dominer et je la laisse faire ce qui lui plaît.
 

30 mars
 

Ma femme et moi bien contents que Jane revienne chez nous.
 

8 mai
 

A midi, dîné chez moi, ma femme a toujours la joue enflée.


A la maison pour souper d'un bon homard avec ma femme


9 mai


(…) ensuite chez moi où ma femme souffrait toujours beaucoup de sa dent et était furieuse que je sois sorti avec les deux femme ; quand elles furent parties elle les traita de catins et de je ne sais quoi, ce qui me vexa, car ma conduite envers elles avait été tellement innocente. Aussi je les rejoignis chez Mme Turner où je demeurai un moment mais ma femme m'y envoya chercher, et pourquoi faire, pour me quereller et me dire qu'elle allait sortir pour prendre l'air tout de suite, oui, c'était certain. Alors je pris congé de mes amis et je l'accompagnai jusqu'à Bow, mais j'étais furieux et je ne lui adressai pas une seule parole, ni à l'aller, ni au retour, ni une fois rentrés à la maison, mais je montai tout droit me coucher. Une demie-heure après (dans le carrosse elle s'appuyait sur moi, comme pour chercher à se raccommoder) elle monta à ma chambre en proie à une violente crise de coliques et souffrant beaucoup ; elle m'appela pour me tirer du lit. Je me levai, je la soutins, elle me demandait pardon au milieu de ses souffrances ; nous la mîmes au lit et la douleur s'apaisa peu à peu ; je fis apporter des asperges pour souper à son chevet ; peu après nous nous endormions tendrement et au matin nous étions réconciliés.


12 mai


A midi j'ai trouvé ma femme encore de méchante humeur parce qu'hier soir en voiture, je l'avais arrêtée au milieu de ses interminables
histoires tirées du «Grand Cyrus», qu'elle s'obstinait à me raconter. Elle l'a pris très mal et, à la vérité, j'étais à blâmer. Elle trouve aussi, avec raison, qu'en la compagnie de Mmes Pierce, Knepp et de toutes ces femmes qui me plaisent je ne me soucie plus d'elle et que je la néglige.

 

29 mai
 

Ma femme y arriva pour me dire que si je voulais voir la plus belle femme d'Angleterre, je n'avais qu'à venir tout de suite à la maison ; et c'était justement la jolie dame de notre paroisse
 

19 juin
 

(…) puis je suis allé avec ma femme au jardin et j'ai chanté avec Mercer. Je sens que je commence à l'aimer trop à force de lui caresser les seins le matin quand elle m'habille : ce sont les plus beaux que j'ai vu de ma vie, il faut bien le dire.
 

23 juin
 

(…) avant de sortir ma femme m'a dit qu'elle s'était querellée hier soir avec Mercer qui est retournée chez sa mère pour de bon.
 

10 juillet
 

Après le dîner au bureau. La cour était pleine de femmes, plus de trois cents je crois, venues réclamer de l'argent pour leurs maris ou leurs parents prisonniers des Hollandais. Elles restaient là à vociférer, à jurer, à nous insulter, à tel point que ma femme et moi n'osions pas envoyer un pâté de venaison chez le rôtisseur pour le faire cuire, de peur qu'elles ne le maltraitent. Pourtant il partit et n'eut point de mal.
 

15 juillet
 

(…) ne vint que le jeune Michell et sa femme ; ma femme s'accorde avec moi pour la trouver jolie, elle forme avec son mari un couple charmant. Nous avons passé d'agréables moments ; j'étais enchanté de leur compagnie et du plaisir que ma femme prenait également avec eux.

(…) puis j'ai emmené ma femme, Betty Michell et son mari prendre l'air à la campagne, au-delà de Hackney.

 

30 juillet
 

Revenu chez moi, chanté avec ma femme et Mercer dans le jardin ; en arrivant j'avais
trouvé ma femme visiblement fâchée contre moi, parce que je passe trop de temps à apprendre le chant à Mercer, alors que je n'ai jamais voulu en prendre la peine avec elle. J'en conviens, mais c'est que cette fille a de grandes dispositions et ma femme pas ; or la musique est ce que j'aime le plus au monde et à peu près tout le plaisir que je peux prendre maintenant. Au lit quelque peu fâchés mais sans mauvaises paroles de ma part.

 

6 août
 

Après le dîner, vint Mme Knepp (...)J'ai été très aimable avec elle maisje m'aperçois que ma femme n'a pas beaucoup de plaisir à la voir chez nous, car elle prend ombrage de mes attentions.

Là encore, nous avons devisé agréablement, mais ma femme était de mauvaise humeur, elle commençait à tenir des propos ridicules quand je l'arrêtai ; fort dépitée, elle dit à Mme Pierce des choses désagréables. J'étais très mécontent, mais, voulant éviter une discussion, je détournai de mon mieux la conversation (ma femme se plaignait que les gens lui ont fait une réputation d'être devenue une grand élégante, alors que depuis deux ou trois ans elle a eu si peu de robes neuves, et elle ajouta à cela pas mal de sottises). Mme Pierce en vint à lui répondre qu'elle ne devrait pas se soucier de tels racontars, car on en répandait d'aussi méchants sur d'autres personnes, en particulier sur elle-même ; dans notre quartier (elle faisait allusion à ma femme) on la prétendait contrefaite, alors que c'est faux. Ma femme eut le bon esprit de ne pas s'avouer l'auteur de ce propos, et pourtant elle l'a répété plus de vingt fois.

(…) puis je proposai de les reconduire et d'emmener ma femme, mais elle ne voulut pas venir. Je partis avec eux tous et elle resta là de fort méchante humeur, en prenant un air très dédaigneux, ce qui me vexa.

Nous parlâmes de la mauvaise humeur de ma femme que j'excusai de mon mieux

Je ramenai Mme Pierce aussi chez elle et je me réjouis de la réserve qu'elle a observée cet après-midi, pendant que ma femme lui parlait sur un ton ridicule et désobligeant.


Puis chez moi, je trouvai ma femme hors d'elle-même, elle accusa Mme Pierce et Knepp d'être mes maîtresses et je ne sais quoi. Mais je lui répondis rien qui pût l'offenser, je laissai tranquillement tout passer et ensuite au lit, sans échanger avec elle ni un tendre regard, ni une bonne parole.

 

8 août
 

(…) chez lady Pooly où ma femme était avec M. Batelier et les soeurs.
 

14 août
 

Je les ai fait boire, nous sommes montés au premier étage et nous nous sommes mis à danser (William Batelier danse bien) et à nous habiller lui et moi en femmes ; Mercer avait mis un costume de Tom et était en garçon. Nous nous sommes beaucoup amusés, Mercer a dansé la gigue et Nan Wright, ma femme et Peg Penn ont mis des perruques.
 

21 août
 

Ma femme hargneuse parce que je lui ai refusé de l'argent pour qu'elle aille le dépenser cet après-midi, mais nous avons fait la paix

2 septembre

 

(…) je me rendis à Whitehall et de là au parc Saint-James où je retrouvai ma femme , Creed et Wood avec sa femme. Nous sommes revenus ensemble à ma barque et nous avons été de-ci de-là sur la rivière, voir le feu qui augmentait toujours, alimenté par le grand vent.
 

3 septembre
 

Ni moi ni ma pauvre femme n'avons dormi de la nuit. Ensuite, nous avons passé la journée, aidés de nos gens, à emballer le reste de nos affaires.

Aujourd'hui Mercer est allée voir sa mère contre la volonté de sa maîtresse. Ma femme, les ayant rencontrées, se montra fort mécontente. Mais la mère répliqua que sa fille n'était pas une apprentie pour demander la permission de sortir quand elle en a envie. Ma femme avec raison se mit en colère et quand la jeune fille revint à la maison lui dit de s'en retourner. Ce qu'elle fit. J'en suis fâché, mais pas trop, car étant donnés les événements , je crains bien de ne plus guère avoir les moyens d'entretenir une dame de compagnie. Ce soir, j'ai dormi un peu sur un édredon de W. Hewer dans le bureau, car toutes nos affaires sont emballées ou parties. Puis ma pauvre femme en fit autant à son tour. Nous avions mangé les restes du dîner d'hier, n'ayant ni feu ni vaisselle, ni aucun moyen de préparer un plat.

 

5 septembre
 

Vers deux heures du matin, ma femme m'appela. On criait au feu ! Du côté de l'église, au bout de la rue. Je me levai et résolus d'emmener ma femme aussitôt.
(…) je mis mon or sous clef, en recommandant à ma femme et a W. Hewern de ne jamais quitter la pièce tous les deux en même temps, ni jour ni nuit.

 

7 septembre
 

J'ai donné l'ordre de nettoyer la maison et je suis allé à Woolwich dîner avec ma femme.
 

10 octobre
 

C'est aujourd'hui l'anniversaire de mon mariage. Combien d'années depuis, je ne saurais le dire, mais ma femme affirme que cela en fait dix.
 

14 novembre
 

Nous avions l'intention, ma femme et moi, d'aller voir lady Jemimah à Whitehall, mais la rue qui va à la Bourse était encombrée de carrosses, tout le monde paraît-il allait s'y faire beau pour la soirée de demain.


Nous avons stationné en vain pendant une heure ; ma femme se contenta alors d'aller voir son frère

1667

2 janvier


Ma femme est partie avec Mlle Pen pour se promener à l'air froid dans les champs.
 

24 janvier
 

Vers le matin seulement, Knepp s'est sentie un peu malade, ma femme l'a conduite chez nous pour la mettre au lit et nous avons continué à danser et à chanter.
 

27 janvier
 

Levé tôt tandis que ma femme s'en allait en carrosse au sermon de M. Frampton (Je tenais beaucoup à ce qu'elle l'entende)

Ma femme m'a dit que M. Frampton est parti en mer, elle a donc perdu sa peine aujourd'hui quand elle croyait l'entendre prêcher, j'en suis bien fâché.

 

16 février
 

Rentré chez moi avec Cocke et ma femme.
 

22 février
 

Dîner chez sir William Pen (…).

Ma femme était là aussi

 

24 février
 

Après le sermon, rentré pour dîner seul avec ma femme. Elle m'a raconté combien notre Mercer avait mauvaise réputation, en raison des gens qu'elle fréquente, c'est pour cela qu'elle ne veut plus l'inviter à dîner avec nous ou la recevoir comme avant.
 

4 mars
 

Revenu au bureau pour travailler, ensuite à la maison pour souper, enchanté que ma femme commence à apprendre le flageolet : je crois qu'elle y réussira très bien.
 

15 mars
 

Puis à la maison, bien dîné avec ma femme, je l'ai laissée chez Unthanke
 

20 mars
 

Rentré chez moi par la rivière ; ma femme était absente
 

22 mars
 

Chez moi pour dîner ; ma femme avait revêtu une robe ridicule, avec une jupe de dessus bleue, un gilet de satin blanc et une coiffe blanche (elle avait dû, je crois, faire cela parce que sa robe a été envoyée chez le tailleur), de plus j'avais faim ce qui me rend toujours de mauvais humeur, aussi je me suis mis en colère, mais quand j'eus le ventre plein, nous sommes redevenus bons amis
 

27 mars
 

Revenu à la maison, je montai retrouver ma femme dans notre chambre et là, j'appris par une lettre de mon frère la nouvelle de la mort de ma mère

Je pleurai ainsi tout seul un moment, ma femme pleurait aussi de son côté. Puis, songeant combien il valait mieux pour ma mère et pour nous qu'elle n'ait pas survécu à mon père ou à moi-même, je me sentis soulagé, et je songeai à la nécessité de sortir avec ma femme pour acheter du deuil et en envoyer à la campagne. J'ai décidé que moi et ma femme porterions le deuil

 

31 mars
 

Le garçon tailleur m'a apporté mes vêtements de deuil, ainsi que ceux de ma femme et de sa dame de compagnie. Elles n'ont pas été à l'église ce matin.
 

13 avril
 

Après le dîner, un peu de chant, seul avec ma pauvre femme, puis au bureau, très tard, le soir.
 

1er mai
 

Debout, par une belle journée, et après avoir travaillé un peu dans ma chambre je laissai ma femme aller incognito au parc
 

11 mai
 

Après le dîner, je suis sorti en voiture avec ma femme, qui portait aujourd'hui des boucles blondes. Cela me mit dans une telle colère que je ne lui dis pas un mot en chemin, et pourtant je crevais de rage.

Je revins en voiture avec ma femme et, en cours de route, je lui révélai mon mécontentement au sujet de ses boucles blondes, jurant par le nom de Dieu à plusieurs reprises (Dieu me pardonne) en serrant les poings, que je ne le supporterais pas. Elle fut bien surprise, la pauvre petite, et ne me fit aucune réponse. En arrivant, nous nous sommes séparés.

 

12 mai
 

J'étais dans ma chambre à faire mes comptes quand ma femme vint me trouver en chemise de nuit. Tout se passa d'abord avec beaucoup de calme. Nous convînmes que si je lui donnais de l'argent pour garnir sa robe avec de la dentelle pour le demi-deuil, elle s'engagerait à ne plus porter de boucles blondes en ma présence. Mais moi, ensuite, avec une sévérité stupide, je refusai. Alors elle éclata en paroles violentes, se mit à pleurer et, dans sa colère, me reprocha mon intimité avec Mme Knepp, disant que si je promettais de cesser de la voir (elle a bien plus de raison de la soupçonner que moi, autrefois, Pembleton) elle ne porterait plus jamais de boucles blondes. Cela me vexa fort, mais je n'en fis point mine. Je pense ne jamais revoir cette femme, du moins ici, chez moi. Enfin, je donnai à ma femme l'argent pour sa dentelle et elle promit de ne plus porter de boucles blondes tant que je vivrai. Bientôt, nous fûmes aussi bons amis que jamais ; je m'en fus à mes affaires et elle à sa toilette.


20 mai
 

Ma femme est toujours très enrhumée.
 

26 mai
 

Peu après, je revins à la maison et ma femme, à dessein ou non, je ne sais, me demanda pourquoi j'étais dans cet état, car ego was in much chaleur et de body and of animi (Car j'étais très échauffé de corps et d'esprit), ce que j'attribuai à la chaleur de la saison, mais je redoutais que alcuno had sidi découvert (Quelqu'un nous ait découverts).
 

26 mai
 

Promenade dans le jardin, jusqu'à l'heure du service, puis, avec ma femme, à l'église où plusieurs étrangers de bonne condition s'étaient assis dans notre banc, qui se trouva plein.
 

28 mai
 

Après le repas ma femme partit pour Woolwich avec Jane et W. Hewer pour y prendre un peu l'air ; ils y coucheront ce soir afin de pouvoir récolter la rosée de mai demain matin car Mme Turner a affirmé à ma femme que c'est la seule chose au monde avec laquelle on doit se laver le visage et je n'y vois pas d'inconvénient.
 

30 mai
 

A midi, déjeuné chez moi, m'étant, sans explications, réconcilié avec ma femme ; pourtant hier soir j'étais très fâché et je trouve qu'elle aurait bien raison de m'en vouloir aussi.

(…) puis je passai la soirée au jardin à chanter avec ma femme avec grand plaisirs

 

4 juin
 

Le soir, chez moi, j'ai chanté et joué du flageolet avec ma femme. Tout à coup, elle se mit à me parler de ses toilettes, à me reprocher de ne pas la laisser s'habiller comme il lui plaît et elle en vînt aux grands mots. Mais je me mis à lire tout haut les «Paradoxes Hydrostatiques» de Boyle et je la laissai discourir jusqu'à ce qu'elle s'en lassât, vexée de voir que je ne voulais pas l'écouter. Puis, nous fîmes la paix et allâmes au lit ensemble, pour la première fois depuis quatre ou cinq jours, car elle couchait seule, étant enrhumée.
 

12 juin
 

Après le dîner, ma femme prit une voiture pour aller voir sa mère.
 

28 juin
 

Après le dîner, je suis rentré chez moi où j'ai retrouvé ma femme en train de préparer du thé. C'est une boisson que l'apothicaire lui a recommandée pour le rhume et les fluxions.

3 juillet

 

Ensuite au bureau et, comme ma femme était au lit, un peu malade de ses règles, je suis allé dîner chez sir W. Batten.
 

12 juillet
 

Ensuite chez moi où ma femme était d'une humeur de chien parce que je n'étais pas rentré dîner à la maison ; je lui ai tiré le nez et je l'ai injuriée. Elle avait commencé par me dire des paroles blessantes, si bien que je m'en allais au bureau pour éviter d'envenimer les choses, elle dans le jardin, hors de portée d'être entendue, pour éviter le scandale ; puis je revins chez moi, je vis qu'il fallait la calmer petit à petit j'y parvins.
 

14 juillet
 

Levé, ainsi que ma femme , un peu avant quatre heures du matin.

Je dis à Mme Turner ma résolution de ne jamais posséder de maison de campagne mais d'avoir un carrosse pour partir le samedi avec ma femme, un jour ici, un jour là.

 

1er août
 

A midi, dîné avec ma femme chez sir W. Pen d'un satané pâté de venaison qui puait comme le diable.

Chez moi et au lit, ma femme toujours de mauvaise humeur.

 

2 août
 

Avant que je sois levé, ma femme me fit de violents reproches au sujet de mon amabilité d'hier avec Mme Knepp, parce que je lui tenais la main dans la voiture et que je l'ai prise par la taille. Cela m'ennuya fort, mais j'avais beaucoup d'affaires en tête et je voulais la paix, aussi je me levai sans la contrarier et, sitôt prêt, me rendis au bureau. Cet après-midi, elle est venue me dire qu'elle avait ses règles et m'enjoindre de m'en souvenir. Je lui demandai pourquoi et elle me répondit qu'elle avait ses raisons. D'après une réflexion qu'elle m'a faite aujourd'hui, elle a dû remarquer que je n'avais pas couché avec elle depuis six mois et elle s'imagine que je crains qu'elle ne soit enceinte d'un autre. Dieu sait si cette idée m'était jamais entrée dans la tête ! Mais je n'aime pas laisser ces ébauches de discorde prendre corps entre nous.
 

7 août
 

Ma femme est sortie tout l'après-midi avec sa servante Jane et avec Tom pour aller à la Botte de Foin manger des pâtés dont elle est friande et j'ai dîné seul à la maison.
 

17 août
 

Avec ma femme et sir W. Pen au théâtre du Roi où la salle était bondée comme elle l'est rarement


18 août


Je revins chez moi en voiture et emmenai ma femme à Islington. En route, il nous arriva une curieuse aventure. Un de nos chevaux fut pris de vertigo et parut prêt à tomber.
 

6 septembre
 

A la foire Saint-Bartholomé, (…) ma femme qui marchait un peu en avant manqua d'être emmenée par un carrosse par quelqu'un que nous avons reconnu pour être Sam Hartlibb. Ma femme portait son masque ; pourtant on ne peut pas dire qu'il songeait à mal, car c'était juste au moment où elle était à la portière d'un carrosse qu'il avait pris ou s'apprêtait à prendre, et lui demanda : « Madame, montez-vous dans ce carrosse ? » mais dès qu'il vit un homme s'approcher d'elle, je ne sais s'il me reconnut, il s'en alla à grandes enjambées.
 

27 septembre
 

Ma femme m'a fait chercher ce matin au bureau. Et voilà que c'était pour me montrer la jolie fille qu'elle vient d'engager comme dame de compagnie. Ce n'est pas une aussi grande beauté que ma femme l'avait dit, mais elle est fort jolie ; si jolie qu'elle me plaira trop, je le vois bien. Aussi, je serais satisfait (au point de vue de ma raison et non de ma passion) si elle ne venait pas. Je crains en effet de faire trop cas d'elle et déplaire à ma femme.
 

30 septembre
 

Je la trouve vraiment trop bien pour ma maison. J'espère que ma femme la traitera comme il faut.
 

10 octobre
 

A la nuit, munis d'une lanterne sourde, nous sommes allés au jardin, mon père, ma femme et moi : nous avons entrepris le grand travail de déterrer mon or.
 

11 octobre
 

Je donnai vingt shillings à ma soeur, qui pleura quand je partis. Était-ce le chagrin de me quitter, ou bien ma femme lui avait-elle fait quelque avanie, je ne sais.
 

21 novembre
 

(…) je suis monté à la chambre de ma femme qui n'est pas bien (elle a ses règles) ; elle m'a raconté de longues histoires sur les cancanières de la paroisse, sur celle-ci et sur celle-là

(…) à cause de l'indisposition de ma femme, j'ai passé une mauvaise nuit, et elle encore bien plus, pauvre petite.

 

29 novembre
 

(…) le bruit devint plus fort : mieux éveillé, je l'entendais davantage. J'éveillai alors ma femme et chacun de nous se demandait ce que c'était. Nous sommes restés longtemps ainsi, tandis que le bruit ne faisait que croître, enfin j'entendis plus nettement des coups comme si on brisait une fenêtre pour faire sortir quelqu'un (…). Nous étions là tous les deux au lit, terrifiés ; pourtant je me serais bien levé, mais ma femme n'a pas voulu.
 

25 décembre
 

A la maison, je trouvai ma femme au lit et les servantes en train de faire des gâteaux.


J'étais seul avec ma femme et la petite Willet pour le dîner, un bon repas de Noël. Tout l'après-midi à la maison, ma femme me lisant «l'Histoire du tambour de M. Mompesson», étrange récit d'espionnage qui vaut la peine d'être lu.

 

31 décembre
 

Après le dîner, avec ma femme chez le tailleur, où je l'ai laissée.

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6 janvier


Levé, laissant ma femme s'habiller et les servantes préparer le souper pour nos invités de ce soir.


11 janvier


Resté longtemps au lit avec ma femme à parler de l'affaire de Pall.


Après le dîner, j'ai emmené Mercer, ma femme et Deb (Willet) au théâtre du Roi, voir la «Poursuite inutile», que je ne connaissais pas.

Rentré à la maison, j'ai travaillé au bureau, puis, avec ma femme, je me suis promené au clair de lune, dans le jardin, pendant une demie-heure.

 

24 janvier
 

Emmené ma femme au Temple, elle est allée au théâtre tandis que je me rendais à l'église Saint-André où l'on se réunissait pour les funérailles de mon cousin Joyce.

Retrouvé ma femme et Deb et vu beaucoup de jolies femmes.

 

28 janvier
 

Ma femme a eu aujourd'hui des nouvelles de son père et de sa mère. Ils sont en France, à Paris, et lui, le pauvre brave homme, il m'est reconnaissant de mes petites charités. Je ferais bien volontiers quelque chose pour eux si j'étais sûr que cela ne les incite pas à revenir ici.
 

6 février
 

A midi chez moi pour dîner et, ma femme étant partie devant, je me suis rendu au théâtre du duc d'York où l'on joue la nouvelle pièce d'Etherege : «Si elle pouvait»
 

27 février
 

Mais ce qui m'a plu au-delà de toute expression, ce fut la musique d'instruments à vent, quand l'ange apparaît. C'était si suave que j'en étais dans le ravissement. En un mot, je me sentis l'âme transportée au point d'en être malade, tout comme autrefois quand j'étais amoureux de ma femme.
 

5 mars
 

L'esprit plein d'inquiétude, je suis resté sans dormir jusqu'à six heures du matin. A la fin, j'ai fait causer ma femme avec moi pour me réconforter et elle y parvint ; mais je suis décidé à me démettre de mon emploi et à n'en plus supporter les soucis, dès que je pourrai m'en libérer.
 

6 mars
 

J'ai joué aux cartes avec ma femme, W. Hewer et Deb.
 

25 mars
 

(…) aussi je la fis monter en carrosse et je gagnai l'autre bout de la ville dans l'intention d'aller me promener avec elle, mais je me souvins que je devais sortir avec ma femme cet après-midi : j'ai donc été chez une marchande de modes où je lui ai acheté huit paires de gants et j'ai pris congé d'elle, puis je suis rentré dîner : ensuite avec ma femme au théâtre du Roi voir «l'Orage», mais sans y prendre plaisir, car c'est une mauvaise pièce si on la compare à la Tempête
 

2 avril
 

Tard à la maison et, sans autre souper, au lit, ma maisonnée se trouvant fort restreinte du fait du départ de ma femme et de deux servantes.
 

23 mai
 

Fatigué, je suis monté à la chambre de ma femme que j'ai trouvée au lit, elle prétendait être un peu souffrante ; il faut dire qu'elle avait ses règles, mais elle s'est mise à bavarder et nous étions tous deux très contents.
 

10 août
 

Après souper, ma femme se mit à lire un ouvrage ridicule que j'ai acheté aujourd'hui, sur la «Compagnie des Tailleurs», pendant que Deb me peignait les cheveux et que je toker her with my main para (je la caressais avec) très grand plaisir.
 

25 octobre
 

Parlé avec ma femme de notre maison et de tous les embellissements qu'on y exécute.
Après le dîner, ma femme et le petit valet m'ont fait la lecture tout l'après-midi. Et, après souper, je me suis fait peigner les cheveux par Deb : ce fut la cause du plus grand chagrin de ma vie, car ma femme, survenant à l'improviste, me trouva en train d'embrasser la petite. Je demeurai absolument saisi, la petite aussi. Je cherchai en vain une défaite. Ma femme, d'abord muette de stupeur, fut gagnée par la colère ; elle retrouva la parole et parut hors d'elle-même. Je ne dis pas grand-chose et j'allai au lit. Ma femme ne parla guère non plus, mais ne put dormir de la nuit. Vers deux heures du matin, elle m'éveilla en pleurant et me confia en grand secret qu'elle était catholique romaine et avait reçu le Saint-Sacrement. Cela me troubla, mais je ne répondis mot. Elle n'en continua pas moins, et je finis par acquérir la certitude que son chagrin était causé par ce qu'elle avait vu ; seulement je ne sais pas au juste combien elle en a vu et je ne lui dis rien. Elle versa bien des larmes, me reprochant mon inconstance et ma préférence pour une misérable fille. Je ne lui répliquai point et lui fit des promesses de loyauté et d'amour. A la fin, elle parut apaisée et s'endormit vers le matin.

 

26 octobre
 

(…) bien tourmenté au sujet de la pauvre fille ; la voilà perdue par ma faute, j'en ai peur, car ma femme m'a averti qu'elle allait la chasser.

Je suis resté une heure avec lui (le duc d'York) à lui parler des tristesses de la situation actuelle. Chez moi, au dîner, ma femme avait l'air fort mécontente, la petite très triste ; ma femme ne lui adressait pas la parole. Après le repas, elles sont sorties avec moi pour faire quelques courses. Au retour j'ai travaillé ; ma femme paraissait tourmentée. Puis nous sommes allés au lit. Vers minuit, elle m'éveilla, recommença à m'attaquer, affirmant qu'elle m'avait vu étreindre la fille et l'embrasser. J'ai nié le baiser et avoué l'étreinte, sans plus. Comme elle insistait, je lui proposai de signer une promesse écrite de ma main pour m'engager à ne plus revoir Mme Pierce ni Knepp, promettant de lui donner des preuves éclatantes de mon véritable amour pour elle. Je reconnus que ma conduite avait été parfois un peu imprudente, mais qu'il n'y avait pas de mal à ça. Elle finit par se calmer et nous devînmes très tendres. Ensuite, nous nous sommes endormis et…

 

27 octobre
 

Le soir, à l'heure du coucher, ma femme entra dans une folle colère. Presque toute la nuit, au lit, elle tempêta contre moi, menaçant très fort de publier ma honte. J'essayai de me lever, mais elle voulut alors en faire autant. Elle tînt à allumer une bougie qui brûla toute la nuit auprès d'elle, dans la cheminée, tandis qu'elle extravaguait. Je savais bien qu'elle avait de bonnes raisons de m'en vouloir et j'employai tous mes efforts à l'apaiser. J'y parvins, grâce à de tendres paroles et à de belles promesses, et nous pûmes reposer le reste de la nuit. Au réveil, la paix était parfaite, mais j'étais sincèrement désolé de ma folie, qui a causé la perte de cette pauvre fille. Sitôt levé, je lui fis parvenir un billet pour lui expliquer ce que j'avais fait et avoué ; je fus bien en peine tant qu'elle ne m'eut pas dit l'avoir brûlé.
 

3 novembre
 

Je remarquai que ma femme suivait mon regard s'il m'arrivait de considérer Deb, ce que je ne pouvais m'empêcher de faire de temps à autre. (A mon grand chagrin, je m'aperçus que la pauvre créature me regardait aussi et laissait couler quelques larmes. Mon coeur fond à la minute où j'écris ceci, en grand désarroi, car il faut bien le dire, elle est ma victime, pauvre fille.) Au lit, m'a femme m'a dit que le seul moyen de ne pas regarder les choses, c'était de les ôter de sa vue. J'ai compris que c'était de Deb qu'elle voulait parler, car elle m'a raconté que la tante de la jeune fille est venue lundi et qu'elle l'avait prévenue de son désir de se séparer de Deb. Je vois bien qu'il en sera ainsi et qu'il le faut ; malgré la peine que j'en éprouve, je vais tâcher de m'accoutumer à cette idée.
 

6 novembre
 

Ma femme s'est levée en même temps que moi, comme chaque jour désormais, pour m'habiller elle-même. C'est pour que je ne vois pas Willet ; elle ne me quitte pas des yeux pour s'assurer que je ne la regarde pas à la dérobée. Elle m'empêche de pénétrer dans la chambre bleue où Deb travaille avec les tapissiers.

Rentré chez moi l'esprit inquiet et ma femme toujours tourmentée ; nous n'aurons pas la paix tant que la petite sera là, malheureusement. Nous avons mal dormi, ma femme me harcelant dans la nuit de ses propos et de ses plaintes.

 

9 novembre
 

J'ai glissé un petit billet à Deb, pour l'avertir que je continue à nier l'avoir embrassée et pour lui dire d'agir en conséquence. A la vérité, j'ai risqué ce mensonge (que Dieu me pardonne), sachant combien cela aggraverait le cas de la pauvre fille et aussi parce que, si ma femme savait tout, jamais elle ne pourrait se réconcilier avec moi et nous serions malheureux toute notre vie.

Le soir, ma femme était toujours triste. Au lit où nous avons passé une nuit très agitée.

 

10 novembre
 

Ma femme, toujours dans le même état que cette nuit, s'est levée pour m'accompagner à la porte quand je suis sorti ; elle ne m'a pas caché qu'elle redoutait de me laisser rencontrer la jeune fille.

A midi, je l'ai trouvée plus agitée que jamais. Elle me dit avoir interrogé Deb qui lui a tout confessé. Cela m'a bouleversé car je n'en puis prévoir les conséquences pour notre paix future. Ma femme refusa de descendre. Je montai dîner avec elle dans sa chambre. Elle reprocha ma cruauté et mon parjure pour avoir nié le baiser. Elle me rappela toutes ses attentions pour moi ; ma mauvaise conduite à son égard depuis toujours et toutes les tentations qu'elle a repoussées par fidélité pour moi. Là-dessus, elle me fournit des précisions : ce fut d'abord lord Sandwich et, par la suite, lord Hinchinbroke, dont les assiduités furent telles que sa femme en prit ombrage. Tout cela, je le reconnus. Je fondis en larmes et à la fin, nous fîmes la paix et je retournai au bureau.

Après souper, au lit où, après avoir sommeillé une demie-heure, elle m'éveille, s'écrie qu'elle ne peut plus dormir et continue à délirer ainsi jusqu'à plus de minuit. Et moi, je ne cessais de pleurer de tout mon coeur, tant j'avais de peine pour elle. Enfin, à force de renouveler mes promesses et surtout de m'engager à renvoyer la jeune fille moi-même, en lui témoignant de l'aversion, – ce que je vais m'efforcer d'accomplir à mon grand chagrin – je suis parvenu à l'apaiser, et nous avons dormi de notre mieux jusqu'au matin.

 

11 novembre
 

Le soir, à peine couchée, ma femme se dressa avec une expression de terreur et de folie. Comme prise de frénésie, elle voulait se lever, je la retins et j'éclatai en sanglots. Cela dura presque la moitié de la nuit. La lune brillait tellement qu'on y voyait clair. Après beaucoup de chagrin, des reproches et des accès de délire (j'incline à penser qu'elle les simulait) et mes promesses renouvelées de renvoyer moi-même la jeune fille, le calme revint et enfin le sommeil.
 

12 novembre
 

Après le dîner, je suis allé trouver ma femme. Ensuite, je l'ai fait venir dans la chambre avec Willet et là, les larmes aux yeux (je ne pouvais m'en empêcher), j'ai renvoyé Willet en lui disant de partir le plus tôt possible et de ne jamais me revoir ni se montrer à moi tant qu'elle serait chez nous. Elle se mit à pleurer aussi, mais je pense qu'elle a compris que je suis son ami. Je finis par croire, d'après ce que m'a dit ma femme, que c'est une fine mouche, sinon une coquine. Puis, après avoir pris tendrement congé de ma femme, je suis allé en carrosse chez mon cousin Roger.
 

13 novembre
 

A la maison, bavardé toute la soirée fort agréablement avec ma femme. Elle m'a raconté que Deb est sortie aujourd'hui et, au retour, a dit qu'elle avait trouvé un emploi et s'en irait demain matin. Cela me troubla fort. A dire vrai, j'ai grande envie d'avoir la virginité de cette fille ; je ne doute pas d'y arriver si je could get time para be con her (Si je pouvais avoir le temps de me trouver avec elle). Mais elle va partir et je ne sais pas où. Avant d'aller au lit, ma femme me dit qu'elle s'opposait à ce que je la voie ou à ce que je lui remette ses gages. Je donnai dix livres à ma femme qui alla les lui porter dans sa chambre. Ensuite, au lit où, grâce à Dieu, nous avons dormi en paix, ce qui ne m'était pas arrivé depuis près de vingt nuits consécutives.
 

14 novembre
 

J'avais bien envie de la voir et de lui remettre un peu d'argent. Dans ce but, j'avais enveloppé quarante shillings dans un papier, mais ma femme s'est levée et n'a pas voulu me quitter des yeux. Elle est descendue avant moi, puis est remontée, m'a dit que Willet était à la cuisine et que j'aie, par conséquent, à prendre un autre chemin. Mécontent, je lui répondis un peu aigrement, sur quoi elle entra dans une rage folle, m'appelant chien, coquin, coeur pourri. Tout cela, je l'avais mérité, aussi je ne répondis mot. Bientôt on vint nous dire que la jeune fille était partie en voiture avec toutes ses affaires. Ma femme, radoucie, fit la paix, et je me rendis au bureau, le coeur bien lourd. Je sens que je ne puis l'oublier ; je suis malheureux de ne savoir où la retrouver, et bien inquiet aussi de voir que, désormais, ma femme aura barre sur moi, et que je serai à jamais son esclave, tout au moins en matière de plaisirs ; car, pour le reste, je sais bien qu'elle ne cherchera qu'à me plaire et à veiller à ce que je lui demeure fidèle. Je m'y efforcerai, car elle le mérite, mais je crains d'être longtemps avant de pouvoir oublier Deb.

Rentré pour souper, j'ai ensuite dormi avec grand contentement auprès de ma femme. Je dois rappeler ici que j'ai couché avec ma moher (Ma femme), en tant qu'époux, plus souvent depuis cette querelle que pendant les douze mois précédents, et avec plus de plaisir pour elle, je le crois, que depuis tout le temps de notre mariage.

 

16 novembre
 

(…) je partis pour Holborn, du côté de Whetstone Park, où je n'avais jamais été de ma vie, mais où j'ai cru comprendre, d'après ce que m'a dit ma femme, que Deb s'en était allée.

Je fus dans l'impossibilité de découvrir un certain Albon, chez qui ma femme avait dit qu'elle demeure.

 

18 novembre
 

Resté longtemps au lit à parler avec ma femme. Elle n'aurait pas voulut que je sorte, jalouse, avoue-t-elle, de me savoir au dehors, de crainte que je ne retrouve Deb. J'ai nié, mais, Dieu me pardonne, je n'étais pas plus tôt dans la rue que je partis en carrosse pour Somerset House, m'enquérir du Dr Albon auprès des portefaix. (…) enfin il revint, et me dit, sans plus, qu'elle allait bien et que je pourrais la rencontrer si je le voulais. Incapable d'écouter ma raison, je voulus la voir le soir même. La nuit était venue. Je pris un carrosse et je did baiser her… Cependant, je lui donnai les meilleurs conseils que je pus : prendre soin de son honneur, craindre Dieu et ne permettre à nul homme para avoir to do con her as je have done (De faire avec elle ce que j'avais fait.), ce qu'elle me promit.
A la maison, j'ai raconté une belle histoire à ma femme, Dieu sait quoi, au sujet de mon emploi du temps ; la pauvre créature s'en contenta, selon toute apparence. Elle avait été très occupée toute la journée à mettre la maison en ordre car on doit installer demain nos nouvelles tentures et le mobilier de notre plus belle chambre.

 

19 novembre
 

(…) je trouvai ma femme assise tristement dans la salle à manger. Comme je lui en demandais la raison, elle se mit à me traiter de perfide, de coquin, de coeur pourri, m'accusant d'avoir été voir Deb hier. Certain qu'elle ne pouvait le savoir je commençai par nier mais, à la fin, pour notre tranquillité à tous deux, et pour décharger à tout jamais mon coeur de cette coupable affaire, je confessai tout. En fermé avec elle dans notre chambre à coucher je dus supporter ses menaces, ses serments et ses malédictions tout l'après-midi. Bien pis, elle jura par ce qu'elle avait de plus précieux, qu'elle couperait le nez à cette fille et qu'elle me quitterait le soir même ; elle exigeait de moi trois ou quatre cents livres pour m'accorder la paix et s'en aller sans faire de scandale, sinon, elle raconterait l'histoire à tout le monde. Aussi, dans une absolue confusion de visage et de coeur, dans la douleur et la honte, dans le plus affreux désespoir, je passai tout cet après-midi, qui me parut ne jamais devoir prendre fin. Le soir venu, je fis appeler W. Hewer, que je fus bien obligé de mettre dans le secret. Le pauvre garçon pleura comme un enfant et – ce que je n'avais pu obtenir – parvint à calmer ma femme, à condition que je m'engage, par une promesse écrite de ma main, à ne jamais revoir Deb, ni lui parler tant que je vivrais. Je l'avais déjà fait pour Pierce et pour Knepp et je l'ai refait pour Deb, Dieu le sait, mais je serais bien capable de le nier et de me parjurer. Bientôt, j'obtins une paix durable. C'était plus que je n'espérais et ne méritais. Après le souper et quelques paroles assez tendres, au lit et là, je did hazer con elle (Je fis l'amour avec elle), à son contentement et pus me reposer une partie de la nuit, bien résolu, si je parviens jamais à apaiser cet orage, à ne jamais plus, tant que je vivrai, lui faire de peine en aucune manière ; car il n'y a pire malédiction au monde que ces différends entre elle et moi. Aussi, avec la grâce de Dieu, je promets de ne plus jamais l'offenser.
 

20 novembre
 

Levé ce matin avec de très tendres paroles entre ma pauvre femme et moi. Par la rivière à Whitehall avec W. Hewer, qui doit désormais me suivre partout, quand ma femme ne pourra le faire elle-même, car elle a déclaré tout net qu'elle n'avait pas assez de confiance en moi pour me laisser sortir seul. En conséquence, je serai tenu désormais de me faire toujours accompagner par quelqu'un ou par elle-même. J'y consens volontiers, étant bien résolu, avec la grâce de Dieu, à ne plus jamais lui faire tort.

Je l'envoyai (W. Hewer) dire à Deb que j'avais avoué à ma femme ma visite de l'autre soir, pour qu'elle n'aggrave pas les choses en niant, au cas où ma femme irait la trouver.


Il me dit l'avoir vue et lui avoir transmis mon message selon mes désirs. Puis, je lui reparlai de ma femme et de moi. Il m'assura qu'à diverses reprises il avait reçu des confidences de ma femme et qu'il avait été témoin de sa loyauté et de sa fidélité à mon égard, malgré de nombreuses et grandes tentations. Je le crois vraiment.

Mais quand j'arrivai à la maison, espérant trouver encore plus de paix et de calme, ma femme était couchée sur son lit, dans une nouvelle crise d'affreuse colère. Elle me traita des noms les plus outrageants et se mit à m'injurier d'horrible façon. Enfin, elle ne put se retenir de me frapper et de me tirer les cheveux, ce que je résolus de supporter, car je l'avais mérité. A force de silence et de larmes, je parvins à l'apaiser et elle ne voulut pas dîner sans moi. Mais bientôt, la rage la reprit, plus fort qu'avant. Elle reparla de couper le nez à cette fille. A la fin, W. Hewer arriva et réussit à calmer sa fureur. En proie au désespoir, je me jetai sur le lit, dans la chambre bleue, tandis qu'ils discutaient. Il fut alors convenu que, si j'acceptais d'écrire de ma propre main à Deb pour la traiter de prostituée, en ajoutant que je la hais et que je ne la reverrai jamais, ma femme consentirait à me croire et à me rendre sa confiance. J'acquiesçai, sauf pour le nom de prostituée, que j'aurais voulu lui épargner. Je lui écrivis donc en évitant le mot, mais ma femme déchira la lettre et ne voulut rien entendre. Alors W. Hewer cligna de l'oeil et j'écrivis que je craignais qu'elle ne fût amenée trop probablement à devenir prostituée, à cause de sa conduite envers moi. Ma femme se déclara satisfaite du billet et chargea W. Hewer de le remettre à Deb, avec un message cinglant de sa part. Dès cet instant, elle redevint douce avec moi et nous fîmes la paix. Je lui ai promis de ne plus jamais me coucher sans avoir prié Dieu à genoux. J'ai commencé dès ce soir et j'espère ne jamais y manquer de ma vie, car, pour le bien de mon âme et de mon corps, il vaut beaucoup mieux que je vive en étant agréable à Dieu et à ma pauvre femme ; cela m'épargnera de lourds soucis et de grandes dépenses.

 

21 novembre
 

Levés tous deux le coeur plein de joie.

Pour vivre en paix, il est certain que je dois bien me conduire envers ma femme.

 

22 novembre
 

Nous sommes restés longtemps couchés, à notre grand contentement. Ma femme a passé toute la journée à se nettoyer, après avoir vécu, depuis quatre ou six semaines, dans une saleté continuelle.

Puis, je suis revenu auprès de ma femme pour me réconforter. Elle me fit la lecture ; ensuite, après le souper, au lit.

 

23 novembre
 

W. Hewer m'escorte partout, comme un geôlier , mais il a beaucoup d'affection pour moi et je suis heureux d'avoir sa compagnie ; enfin, je désire par-dessus tout faire plaisir à ma femme. Je l'ai emmenée dîner aux Colonnes d'Hercule, puis chez le tapissier faire de nouveaux achats, puis voir notre carrosse, et ensuite acheter un tableau pour la cheminée de la chambre bleue. Nous sommes allés au lit fort contents et avons bien dormi toute la nuit.
 

30 novembre
 

Après le dîner, ma femme est allée faire des visites pour étrenner son carrosse, tandis que je restais à travailler. Dans la soirée, Mme Turner et Betty sont venues nous voir et souper avec nous. Je ne leur ai témoigné qu'une froide politesse, de crainte de déplaire à ma femme.
 

5 décembre
 

Depuis nos récentes discordes, ma femme surveille de près mon sommeil et mes rêves, et reste persuadée que je rêve de Deb. Elle m'a dit que je parle en dormant, que, cette nuit, j'ai crié « coquin », à coup sûr, en songeant à elle ; que, de temps à autre, j'ai des tressaillements inaccoutumés. Je n'en sais rien, je ne crois pas que je rêve de Deb plus que d'habitude, mais je ne saurais nier que mes pensées s'en vont parfois vers elle contre ma volonté et mon jugement.

21 décembre

 

Dîné avec ma femme et mes gens(…) nous sommes allés à Holborne voir la femme à barbe. C'est une petite femme quelconque, une Danoise, elle s'appelle Ursula Dyan, elle a environ quarante ans, une voix de petite fille et de la barbe autant que j'en vis jamais à un homme, presque noire et grisonnante. On proposa à ma femme de lui donner des preuves plus évidentes si elle le désirait ; on opposa un refus aux hommes qui en firent la demande, mais d'après sa voix, il n'y a aucun doute, c'est une femme.

De là au théâtre du Duc voir «Macbeth», en présence du Roi et de la Cour.

Ma femme, sur ma foi, paraissait aussi jolie que n'importe quelle dame de la Cour, je ne l'avais encore jamais trouvée aussi jolie, et c'est ce j'entendis Talbot et W.Hewer se dire l'un à l'autre.


25 décembre


Dîné seul avec ma femme qui, pauvre petite, est restée en négligé jusqu'à dix heures du soir pour arranger et orner de dentelles une jupe magnifique
 

1669

12 janvier

 

En rentrant pour le dîner, je m'aperçus que ma femme était en peine de savoir où j'avais été, mais elle ne m'en dit rien. Je crois qu'elle avait envoyé W. Hewer à ma recherche.

Ce soir, j’ai trouvé ma femme très triste, moi-même, je n’étais pas trop empressé; car elle m’avait parlé durement à midi, jalouse de ma sortie de ce matin.

Bientôt je m’éveillai et je vis qu’elle ne se préparait pas à se coucher, mais qu’elle avait apporté des bougies neuves et une provision de bois pour son feu, car il faisait très froid. Bien ennuyé, je lui demandai de venir au lit. Cela dura une heure ou deux, elle muette, moi la priant de temps à autre de venir se coucher. Puis, sa fureur éclata : j’étais un coquin, je l’avais trahie. Je m’aperçus pourtant qu’elle cherchait quoi me dire, qu’elle inventait une histoire de carrosse de louage où l’on m’aurait vu, vitres fermées, avec Deb, elle ne put me dire à quelle heure, ni affirmer que c’était moi. J’eus beau nier, et à bon droit, ce fut en vain. Pour finir, vers une heure du matin, elle s’approcha du lit, tira mon rideau et, munie de pincettes rougies au feu, parut vouloir me saisir avec. Epouvanté, je me levai et, sans discuter, elle les déposa. Vers deux heures, après avoir fait bien des façons, elle vint au lit et y demeura toute la nuit. Nous avons longuement parlé et j’ai bien vu que son inquiétude venait de ce que j’étais sorti hier sans le lui dire ; c’est ce qui l’avait fort tourmentée, pauvre petite, et je ne puis blâmer sa jalousie, bien qu’elle m’afflige profondément.

 

23 janvier
 

Après le repas, les lords ont joué aux cartes et nous autres sommes restés auprès d’eux à bavarder, à regarder mes livres et mes tableaux, et les dessins de ma femme, qu’ils louèrent fort.

Donc, je suis allé dans la chambre de ma femme, où j’ai soupé. Je lui ai demandé de me couper les cheveux et de visiter ma chemise, car j’ai des démangeaisons intenses depuis six ou sept jours ; en définitive, elle s’est aperçue que j’avais des poux , m’ayant trouvé dans la tête et dans le corps environ vingt poux, petits et grands.

 

7 février
 

Ma femme était de fort méchante humeur ce matin : elle attribue mon sommeil agité à ce que j’ai des pensées coupablesen rêve et elle s’en tourmente.

En rentrant pour dîner, je la trouvai en proie à un accès plus grave, qui dura tout l’après-midi. Elle s’enferma dans son boudoir. Bien désolé et malheureux je ne pus lui dire ce qu’elle avait, ni obtenir de pénétrer auprès d’elle. J’y parvins enfin et la trouvai par terre en train de pleurer. Elle se résolut à s’expliquer : elle était persuadée que je la trompais avec la servante Jane. C’était si ridicule et si éloigné de la vérité que je ne pus m’en émouvoir. Mais elle voulut absolument ne plus coucher avec moi. Elle fit mettre des draps dans la chambre bleue et aurait voulu que Jane couchât avec elle, pour être sûre que je n’irais pas la retrouver. A la longue, je parvins à la convaincre, si bien que, réconciliés, nous allâmes au lit de bonne heure...

 

8 février
 

Rentrés pour dîner ; ma femme était étonnamment de mauvaise humeur. Après le dîner je suis resté seul avec elle, incapable de supporter une vie pareille, et nous en sommes arrivés à échanger des mots vifs ; mais ensuite nous avons fait la paix, car elle m’a dit tout net que c’était au sujet de Jane. Il n’y avait pas moyen de l’empêcher de croire que je me conduis mal avec elle. J’ai d’abord pris la chose en riant, j’ai appelé Jane et je lui ai confirmé l’ordre de sa maîtresse d’avoir à s’en aller pour Pâques ; la fille y consentit, mais elle demanda aussitôt que Tom s’en allât avec elle, ce que je promis et c’est là où je voulais en venir. Quand elle fut partie, nous nous sommes réconciliés, nous étions même fort tendres, car j’ai promis à ma femme — et je tiendrai parole — de ne plus jamais à l’avenir, lui donner de sujets d’inquiétude
 

10 février
 

Avec ma femme chez le mouleur de Charing Cross qui moule dans le plâtre les têtes et les corps.
 

23 février
 

(...) je suis allé rejoindre ma femme et nos cousines qui étaient parties vers onze heures, dans l’intention de voir la nouvelle pièce au théâtre du duc d’York. Mais je les ai retrouvées chez le tailleur car la représentation n’a pas lieu aujourd’hui. Alors, je les ai emmenées à l’abbaye de Westminster voir les tombeaux.
 

11 mars
 

Je suis rentré pour souper, fatigué, content de retrouver ma femme. Ensuite au lit, où elle me fit plaisir, sans que j’ose le montrer, en racontant qu’elle avait engagé une femme de chambre qui avait un grand défaut, celui d’être jolie.

Mais à plusieurs reprises, dans la nuit, elle trouva l’occasion de reparler de la beauté de la fille, du danger auquel elle s’exposait en la prenant, se demandant si elle n’avait pas eu tort de l’engager. Je l’assurai de ma résolution d en’avoir rien à faire avec ses servantes, mais au fond de moi-même, j’étais bien aise à l’idée d’en avoir une jolie à regarder.

 

12 mars
 

De retour à la maison, heureux de revoir ma femme après une journée fatiguante, je la trouvai dans son boudoir, toute seule dans l’obscurité, en proie à une violente colère contre moi : elle venait d’apprendre que Deb est fort élégante, porte des mouches et parle mal de son ancienne maîtresse.

A force de protester, de prendre les choses à la légère, puis au sérieux, je finis par la ramener à de meilleurs sentiments, pauvre coeur, et je m’en réjouis sincèrement, car je le vois bien, je peux être auprès d’elle, si je veux, l’homme le plus heureux du monde. Dans sa colère, elle m’a dit (cela m’a tracassé toute la nuit), que cette histoire l’avait décidée à ne pas engager la jolie servante et à en prendre une autre, qui est criblée de petite vérole.

 

29 mars
 

(...) là je reçus une très belle bague que j’ai donnée à ma femme aussitôt revenu chez moi.
 

7 avril
 

(...) mais, ma femme n’étant pas arrivée, je m’en retournais quand j’ai été rejoint par le porteur d’un message où ma femme me faisait savoir qu’étant malade elle ne pouvait se joindre à nous.

(...) ma femme était malade de ses règles, mais pas trop mécontente de ma sortie.

 

11 avril
 

Après le dîner ma femme et moi en carrosse chez Loton, le peintre de paysages, un Hollandais qui habite au marché Saint-James, mais nous n’y avons pas vu de beaux tableaux.

J’ai emmené ma femme pour la première fois à la chapelle de la Reine à Saint-James

Ensuite avec ma femme où sir W. Coventry nous vit pour la première fois dans un carrosse à nous, et ce soir aussi le duc d’York qui lorgna fort ma femme.

 

13 avril
 

Nous sommes rentrés par la rivière à la maison où ma femme était revenue de chez sa mère. Mais, Dieu me pardonne, j’avais bien du mal à feindre assez d’assurance pour lui parler comme si j’avais été innocent, après avoir rencontré Deb.

Aussi, sans autre ennui que mes craintes, nous sommes allés au lit.

 

15 avril
 

Comme ma femme était invitée à dîner chez nos cousins Turner, je suis allé au rendez-vous.

Vers cinq heures, je suis rentré à la maison avec ma femme.

 

19 avril
 

Bavardé et soupé avec ma femme, qui n’a jamais eu le moindre soupçon de ce qui s’est passé récemment avec Deb.
 

26 avril
 

A midi, M. Sheres a dîné avec nous. Il était venu pour enseigner à ma femme les règles de la perspective. Mais il a dû y renoncer, car elle ignore les principes des lignes. Après son départ, je suis sorti avec ma femme.

Ma femme vint avec moi à la Bourse pour y faire ses emplettes. De retour à la maison, elle me fit la lecture, ensuite souper et au lit.

 

1er mai
 

A midi, en rentrant pour dîner, j’ai trouvé ma femme fort élégante dans sa robe de moire à fleurs d’il y a deux ans, qu’elle vient de faire garnir de dentelles ; vraiment elle était en tous points magnifique. Elle était très pressée de partir, bien que le temps se gâtât. Elle tint à me faire mettre mon beau costume.

Mais nous sommes partis de mauvaise humeur, moi parce que Betty Turner, qui devait sortir avec nous, n’était pas venue, ma femme parce que j’avais voulu m’asseoir à côté d’elle : cela ne lui plaisait pas à cause de sa belle robe, et puis elle pensait rencontrer Sheres à Pall Mall, ce qui arriva en effet.

(...) M. Sheres qui nous fit ses adieux définitifs, car il gagne Portsmouth dès ce soir, pour s’embarquer à destination de Tanger. Cela a beaucoup chagriné ma femme qui l’aime fort, mais, je crois, pas plus qu’il ne convient. Sa mauvaise humeur dura toute la soirée et m’irrita fort contre elle. La nuit s’écoula presque sans qu’elle parvînt à trouver le sommeil. Je fus obligé de la prendre dans mes bras et de la cajoler pour qu’elle s’endormît.

 

4 mai
 

Ma femme étant partie voir sa mère

Peu après le dîner, ma femme revint. Je crois qu’elle est jalouse de mon emploi du temps d’aujourd’hui.

L’après-midi au bureau, et le soir, promenade dans le jardin avec ma femme.

 

24 mai
 

Après m’être promené dans Saint-James’Park jusqu’à quatre heures, j’ai été retrouver ma femme chez le tailleur.
 

31 mai
 

(...) ma femme vint me chercher pour aller au Parc avec un gentihomme hollandais de ses amis.

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